A Shanghaï, la dernière "maison clou" a été détruite

Publié le 24 Novembre 2017

La dernière "maison clou" de Shanghaï, au milieu de North Huting Road, le 8 septembre dernier, dix jours avant sa destruction © AFP / Ke yi / Imaginechina

En Chinois, on les appelle le « ding-zi-hu » ou « maison clou ». En fait ce sont des maisons, des immeubles dont le ou les propriétaires ont refusé de se laisser expulser.

 

Donc, des maisons aussi têtues, solitaires et résistantes qu'un clou au milieu d'un mur. Vous allez voir que la métaphore est particulièrement adaptée : pour construire une autoroute, une rocade, une cité ouvrière, un aéroport, il faut en Chine comme partout expulser, exproprier, racheter des terres.

Or certains refusent obstinément toutes les mesures de compensation qu'on leur offre. Mais comme on n'arrête pas le progrès pour si peu en Chine : les autoroutes, les rocades, les barres d'immeubles, l'aéroport se construisent autour de ces maisons.

Elles se retrouvent donc encerclées par l'infrastructure, seules au milieu de la circulation automobile ou cernées par des immeubles de 50 étages. Des maisons clous donc. Or la plus célèbre d'entre elle, à Shanghaï, vient d'être détruite.

Après 14 années de résistance, les propriétaires ont craqué

Ils étaient 10 à vivre au milieu d'une autoroute qui prenait juste la peine de passer de 4 voies à 2 voies pour contourner leur maison, le propriétaire de 87 ans a finalement accepté de partir avec toute sa famille.

L'encre du contrat de vente était à peine signée que les bulldozers se sont mis en route : en quelques heures, la maison était rasée et dès la fin de la semaine, les 2 voies passeront à 4. En fait, ils n'en pouvaient plus, les propriétaires, de tant de nuisance.

Mais cette histoire est loin d'être triste. D'abord, parce qu'elle montre l'incroyable capacité de résistance de certains Chinois face à l'Etat, aux conglomérat, à la modernité et y compris au mépris de leurs concitoyens qui les voient souvent comme des égoïstes.

Les « maisons clous » comme celle de Shanghaï, il y en a des milliers dans tout le pays.

 

20 septembre 2017

par Anthony Bellanger France Inter

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