Tai-chi : les mouvements qui guérissent

Publié le 12 Juillet 2021

Le tai-chi chuan, art ancestral de la coordination et du souffle, révèle aujourd’hui de multiples bénéfices sur la santé physique et mentale. Jusqu’à recâbler finement votre cerveau.

SÉBASTIEN BOHLER|  |  CERVEAU & PSYCHO N° 134

L'essentiel

Né en Chine il y a huit siècles, le tai-chi chuan a conquis quelque 300 millions de personnes dans le monde. Il propose des exercices à base de mouvements lents et de souffle profond.

Les effets de cette pratique pour le corps sont excellents : amélioration des capacités respiratoires, diminution du stress, protection contre le risque cardiovasculaire et l’hypertension.

Le tai-chi fait grossir le cerveau, en renforçant tout particulièrement les zones importantes pour la mémoire, l’imaginaire et la compréhension des autres. Il ralentit le déclin cognitif et la progression de la maladie de Parkinson.

Le qi gong, une pratique apparentée, plus focalisée sur le souffle, apporte des bénéfices analogues, qui commencent tout juste à être étudiés.

 

L'article

C’est à la fin du xiiie siècle, en Chine, que naquit la légende du moine Zhang Sanfeng. Ce mystérieux personnage errant possédait, dit-on, des pouvoirs extraordinaires. Capable de jeûner pendant des semaines entières, il était également à même d’ingurgiter autant de nourriture qu’on lui en proposait. L’âge n’avait pas prise sur lui et ses os étaient d’une solidité à toute épreuve. Sa renommée arriva aux oreilles de l’empereur, car on prétendait qu’il avait inventé un nouvel art martial, le tai-chi chuan, ou encore la « boxe du faîte suprême ». Le principe de cette discipline : canaliser l’énergie du corps, elle-même issue de la terre. Ainsi, le pratiquant puisait son pouvoir dans les pieds, dans l’enracinement du corps dans le sol, d’où l’énergie remontait et devait être orientée par le bassin, en mouvements spiraux, avant d’être libérée par la main.

La discipline se transmit de disciple en disciple jusqu’à sa formalisation écrite sous la forme d’un manuel du tai-chi chuan en 1930. Il s’est ensuite transformé pour ne conserver que des mouvements lents et relâchés dont le but est de favoriser la circulation de l’énergie dite « fluide », le jing, par opposition à la force brute.

Un succès mondial

Les exercices de tai-chi chuan, aujourd’hui pratiqués par quelque 300 millions d’adeptes de par le monde, mêlent souplesse, équilibre et respiration, notamment dans le qi gong, un art affilié qui insiste plus particulièrement sur le souffle.

D’où vient ce succès ? Pour les pratiquants, le tai-chi chuan apporte une sensation de bien-être, d’énergie, de meilleure circulation sanguine et d’émotions positives sans pareille. Au point que, depuis quelques années maintenant, les scientifiques se sont penchés sur la question. Le nombre de publications sur ce sujet a littéralement explosé : alors qu’une seule étude était publiée en 1990, on en dénombrait près de 200 en 2015. Besoin de relier le corps et l’esprit, de retrouver de la lenteur et de la maîtrise dans un monde toujours plus rapide, et façon de se recentrer sur soi – les ingrédients d’une sorte d’antidote aux maux modernes se trouvaient réunis.

Que disent la médecine et la science sur les effets avérés de cette pratique ? En 2016, une grande synthèse des études réalisées sur le tai-chi chuan, publiée par l’université d’Ottawa, a fait ressortir plusieurs axes de bienfaits, selon les organes concernés. Le cœur, les poumons, les articulations, et enfin le cerveau : tout ou presque semble profiter du tai-chi.

Un antihypertensif naturel

Dès le début des années 2000, plusieurs métaanalyses, dont une particulièrement complète en 2010 reprenant 24 études, ont mis en lumière des bienfaits sur la tension artérielle, au point que les auteurs recommandaient la pratique du tai-chi en complément des médicaments antihypertensifs habituels. Un effet potentiellement dû à la réduction de cortisol – l’hormone du stress : qui dit moins de stress, dit aussi moins d’hypertension. Ce qui se répercutait aussi sur le myocarde lui-même, puisqu’une étude Cochrane réalisée en 2013 sur 13 essais cliniques révélait une réduction significative de la mortalité chez des patients à risque cardiovasculaire pratiquant le tai-chi chuan par rapport à un groupe contrôle.

L’explication est multiple : d’une part le tai-chi stimule la tonicité musculaire (les exercices en mouvements lents sont très exigeants pour les muscles des jambes, notamment), d’autre part il semble effectivement stimuler la circulation.............

 

 

Dans ce numéro

« Apaiser l’agitation du mental » : qui ne voudrait pas d’un tel programme par les temps qui courent ? Fini l’anxiété, le stress, la déprime… Et comment dites-vous que ça marche ? En s’asseyant. En se relevant, en se tenant debout, en joignant les mains, en gardant l’équilibre. Parce que, pendant ce temps-là, votre corps se reconnecte à votre cerveau, qui libère des molécules nourricières qui font pousser les neurones, renforcent les zones de la mémoire, de la concentration, et ralentissent l’usure des cellules due au vieillissement.

Pas étonnant que le yoga se répande comme une traînée de poudre… Et, avec lui, les autres disciplines mêlant le corps et l’esprit, comme le tai-chi chuan ou le qi gong. Il était temps de remettre un peu de calme dans ce monde dopé à la performance. Mais pour mieux comprendre comment cela fonctionne, et ce que vous pouvez en attendre, bienvenue dans ce dossier où l’on parlera de yoga… et, bien sûr, de cerveau !

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M
Merci Maité !
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