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L’Institut Français de Chine a accueilli Ma Jun, directeur de l’Institut des affaires publiques et environnementales, pour une conférence sous le thème « L’eau : une ressource vitale à préserver »

En une trentaine d’années, la Chine a sorti la tête de l’eau mais sa situation hydraulique est devenue critique. Polluée ou recherchée, l’eau chinoise ne coule plus à flot.
La pollution en Chine n’est pas neuve mais ses conséquences sont de plus en plus désastreuses. On estime aujourd’hui à 40% le nombre de rivières sérieusement polluées et impropres à la consommation d’après des chiffres officiels. Pire, un cinquième des rivières sont si souillées que la qualité de l’eau est jugée commetoxique même au toucher.
Rien d'étonnant à ce que la vie aquatique soit menacée. La surexploitation du Yang Tsé, le fleuve le plus long de Chine menace la biodiversité des poissons. A l'approche de la fin des travaux des trois gorges, 300 espèces de poissons auraient des difficultés à se reproduire ce qui a entraîné une réduction d’environ 90% d’entre eux. La faute aux constructions de barrage, de réservoirs et d’adduction qui ne laissent aucun répit à la vie aquatique.
Jeudi dernier, la construction d’un nouveau barrage a été annoncée sur la dernière partie du fleuve non canalisée. Les conséquences environnementales sont d’ores et déjà alarmantes. Une réserve naturelle conçue pour protéger quarante espèces de poissons d’eau douce va être inondée.
Pour Ma Jun, les réservoirs ne laisseront « aucun espace pour les poissons ». Les derniers jours du Psephurus gladius, le poisson le plus vieux au monde sont donc comptés comme l'ont été autrefois ceux du dauphin de Chine.
Evidement la population chinoise subit également des répercussions de la pollution. 300 millions d’habitants vivant à la campagne n’ont pas accès à l’eau potable notamment dans le sud.
Les ressources dans les grandes villes, à l’instar de Pékin, ne sont pas en reste. Du fait de la pénurie, bon nombre d’entre elles sont contraintes d’utiliser de l’eau usée ou contaminées par des rejets d’eaux non traités pour irriguer.
La pénurie d’eau est devenue un problème majeur. Aujourd’hui, deux tiers de villes chinoises manquent de ressources hydrauliques. Le nord compte sur des travaux d’adduction réalisés à partir du Yang Tsé pour assurer son approvisionnement. Pourtant, le troisième fleuve le plus long du monde n’échappe pas aux problèmes de sécheresse.
Un gouvernement plus impliqué
Depuis quelques années, le gouvernement chinois s’implique davantage dans la protection de l’environnement. Durant le dernier plan quinquennal (2006-2011), 105 milliards de yuans ont ainsi été débloquées pour permettre à 210 millions d’habitants ruraux d’accéder à l’eau potable.
Le nouveau plan dévoilé le mois dernier est encore plus ambitieux. Il prévoit d’accroître cet accès à 80% de la population rurale dont 114 000 écoles. Pour les dix prochaines années, les autorités ont prévu une enveloppe de 4000 milliards de yuans pour des projets de préservation des ressources en eau.
Nécessité de transparence
Pékin a plus que jamais conscience de la nécessité d’une meilleure transparence. En 2006, l’Institut pour les Affaires publiques et environnementales a ainsi été créé pour sensibiliser l’opinion publique.
Cette ONG est à l’origine de la première carte de pollution des eaux en Chine qui répertorie des informations sur la qualité de l’eau dans 300 villes chinoises. Elle collecte également des données de source gouvernementale sur les entreprises polluantes qu’elle met ensuite en ligne. Deux bases de données recensent les infractions commises dans le domaine de l’eau et de l’air.
96 000 entreprises sont aujourd’hui en infraction.Pour être ôté de la liste des mauvais élèves, les pollueurs doivent d’accepter un audit environnemental réalisé par une structure indépendante. Ce système semble efficace puisque 580 entreprises ont déjà pris des mesures de correction.
En 2010, la liste s’est élargie au secteur de nouvelles technologies dont les compagnies rejettent elles aussi des matières polluantes et des métaux lourds. L’Institut pour les Affaires publiques et environnementales a également lancé un appel aux entreprises étrangères pour les inciter à éviter les fournisseurs pollueurs.
Les obstacles à la préservation de l’environnement perdurent cependant. Pour Ma Jun, le manque de technologie, d’argent et de motivation sont les freins les plus importants. Le manque de motivation arrive en tête de liste du fait de la faible capacité d’exécution juridique en Chine qui rend les objectifs difficiles à réaliser.
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