Publié le 9 Juillet 2008

le porc miraculé

Un cochon a été extrait vivant des décombres trente-six jours après le tremblement de terre qui a dévasté le Sichuan. L'endurance de l'animal, secouru le 22 juin, a ému les populations, rapporte le Guangzhou Ribao. Plus question de transformer la bête en porc à la sichuanaise : le musée Jianchuan de Chengdu l'a adopté afin de le chérir jusqu'à sa mort naturelle et lui a donné un petit nom, Sanshi Liu War – Bébé 36 – et un nom officiel, Zhu Jian Qiang – Cochon persévérant . A quoi Bébé 36 doit-il sa survie ? Il s'est retrouvé prisonnier d'un espace suffisamment grand pour ne pas se blesser en bougeant, et suffisamment exigu pour ne pas perdre d'énergie, explique le Dongfang Zaobao. Un tas de charbon lui a permis de soulager sa faim en suçant des morceaux de combustible. Le miraculé avait quelques réserves : il affichait 150 kilos avant le séisme – mais n'en pesait plus que 50 à l'issue de son calvaire.

Claire Maupas

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Publié le 7 Juillet 2008

Sous très forte influence chinoise

Après les émeutes postélectorales à Oulan-Bator, qui ont été suivies d'un état d'urgence de quatre jours, le calme semble revenu. La presse chinoise s'est gardée de commenter les événements, et fait appel à la presse de Hong Kong pour louer les réalisations économiques mongoles dans le sillage du développement chinois.

Après l'éclatement de l'URSS, la Mongolie est sortie de l'orbite russe pour chercher sa propre voie. Elle pratique aujourd'hui le multipartisme, et compte deux partis principaux, le Parti populaire révolutionnaire mongol et le Parti démocratique mongol. Selon les résultats partiels des élections, le premier a obtenu 40 des 76 sièges au Parlement et peut donc se maintenir au pouvoir. Ce ne sont pas les questions diplomatiques qui étaient au cœur des élections, mais bien le thème du développement économique et social. Or le développement de ce pays ne peut se faire sans la Chine.

La Mongolie est riche en ressources, ses réserves de charbon sont estimées entre 50 milliards et 150 milliards de tonnes, et celles de pétrole entre 3 milliards et 6 milliards de barils. Mais, faute de fonds, de techniques et du cadre juridique nécessaire, le pays a loupé le coche du développement dans les années 1990. En 2006, il promulgué une loi sur les ressources minières et a renforcé sa coopération avec la Russie, la Chine et le Japon. En 2007, la croissance de l'économie mongole était de 9,9 %, soit 2,4 points de plus que l'année précédente. Mais l'inflation a atteint le taux inédit de 15 %, et l'opposition s'en est servi pour attaquer le gouvernement.

La Mongolie ne peut pas s'appuyer sur la Russie. Or les Etats-Unis et le Japon sont très intéressés par la Mongolie, et espèrent prendre part à l'exploitation des ressources minières. Mais seule la Chine peut apporter à la Mongolie les fonds, les techniques et les produits commerciaux dont elle a besoin, et, plus important, la région autonome de Mongolie-Intérieure [chinoise] est une véritable plate-forme pour les échanges économiques et culturels, un avantage dont ne dispose aucun autre pays. Entre 2003 et 2007, la Chine a apporté plus de 3 000 milliards de yuans [300 millions d'euros] en aides et en prêts à la Mongolie, plus qu'au cours des cinquante années précédentes. Cette augmentation a permis l'approfondissement de la coopération économique entre les deux pays, qui s'est exprimé par un accord de coopération dans le domaine des matières premières. La Chine ayant une grande place dans l'économie mondiale, cet accord a dégagé un fort potentiel pour la Mongolie, et a entraîné un réchauffement rapide du commerce bilatéral. La Chine a supplanté la Russie comme premier partenaire économique de la Mongolie, et 90 % des produits de consommation sur le marché mongol proviennent de Chine. A la fin 2007, la Chine avait investi 1 181 milliards de dollars dans 3 769 projets économiques mongols, et était le premier investisseur dans le pays.

Environ 70 % du commerce bilatéral passe par la région autonome de Mongolie-Intérieure. Dans les importations chinoises en Mongolie, 70 % proviennent de la région autonome. L'établissement d'une zone commerciale spéciale à la frontière est en projet. Les commerçants mongols sont eux aussi très actifs, ils commercent dans les deux sens entre Mongolie-Intérieure et Mongolie, où les produits culturels de Mongolie-Intérieure sont très appréciés. Mais il y a aussi des couacs. Le journal japonais Yomiuri Shimbun a rapporté que certains Mongols harcelaient les restaurants et hôtels installés par des Chinois en Mongolie pour qu'ils cessent d'utiliser des pancartes utilisant les caractères chinois. Le Yomiuri cite encore des Mongols affirmant que "les Chinois prennent le travail des Mongols". Mais en fait, sur place, on observe que ce sont les entreprises mongoles, voire japonaises, qui aiment employer des ouvriers chinois, car ils sont durs à la tâche, respectent les règles et ont une haute productivité.

La bonne santé de l'économie chinoise et la politique de développement bénéficie aux pays voisins, en ce sens qu'il leur suffit de se laisser porter par le souffle de la Chine pour jouir de sa prospérité, et il n'y a pas d'exception à cela.

   

Wenweipo

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Publié le 4 Juillet 2008

Au printemps dernier, une flambée des prix a suscité la panique dans le pays. Depuis, les Chinois s'inquiètent

la fin de l'hiver 2008, les dirigeants chinois découvrirent qu'une chose ne tournait pas rond. En six mois, sur les marchés, le prix du porc venait de monter de 80 % : les ménagères tentaient en vain de marchander, puis commandaient quelques dizaines de grammes et non par livres comme d'habitude. La hausse folle touchait, par effet boule de neige, les ?ufs, la farine, l'huile, surtout le riz.
On assista à un début de panique. À Canton, à Shanghai, les supermarchés durent limiter les ventes autorisées à un sac de 25 kilos de riz par acheteur. Même à ce prix, tous les matins, passé 10 heures, les rayons étaient vides : un vieux réflexe qu'on croyait oublié refaisait surface, celui du stockage, en vue de disette !

Une riposte fulgurante. Très vif, le Premier ministre, Wen Jiabao, descendit à Hong Kong : enclave qui préférait le riz de Thaïlande, laquelle venait de fermer ses portes à l'exportation. Wen affirma à la télévision que les greniers chinois avaient 6 mois de réserves (250 millions de tonnes), et en enverraient à Hong Kong chaque fois que nécessaire.
Trois jours après, des trains entiers de farine et de riz des silos d'État arrivaient dans le Sud, faisant dégonfler les prix : la Chine venait de démontrer qu'elle, au moins, ne connaissait pas la pénurie !
Peu après, le ministère de l'Agriculture transformait l'essai en publiant la récolte d'été, excellente, comme partout dans la région : 120 millions de tonnes (+ 2,4 %), et pour toute l'année plus de 500 millions de tonnes? La crise était vaincue - pour l'instant !


Des fondamentaux non durables. Cependant, l'alerte continue à clignoter à la Bourse de Chicago, qui sait que Pékin, pour la première fois en neuf ans, ne va plus exporter de maïs, au moins cette année. C'est que son agriculture prend, depuis vingt ans, les coups d'une prodigieuse mutation.
Par centaines de millions, les paysans montent à la ville (déjà 56 % de la population, 700 millions d'habitants). Ils quittent le riz pour le pain et exigent de la viande, des œufs, de la bière, produits grands dévoreurs de céréales. Sans compter l'arrivée de la voiture, dont 10 millions seront achetées cette année, et comme le pétrole ne suffit pas, dès l'an dernier, 3 millions de tonnes de maïs ont troqué le supermarché pour la station-service, transformées en éthanol.
Les « ceintures vertes » des villes disparaissent sous le béton. Depuis 1978, la terre cultivable a chuté de 121 millions d'hectares à 105 en 2006. C'est la limite, alors que la Chine n'a que 7 % de son territoire cultivable.

Pénurie d'eau. Enfin, la Chine, qui n'a qu'un quart de la ration mondiale d'eau, la gaspille. 70 % va aux champs. Avec le manque, des millions d'hectares ne sont plus arrosés. La nappe aquifère a baissé à 100 mètres, parfois à 1 000 mètres. Dans vingt ans, elle sera vide. Tout se passe comme si, sous l'angle alimentaire, la terre chinoise ne pouvait pas supporter une si lourde population.
Courant mai, l'économiste américain Leister Brown alertait Pékin : sous dix ans, la Chine devrait acheter jusqu'à 10 % de son grain, 50 millions de tonnes, ou la totalité du marché libre mondial? Au risque d'affamer les pays pauvres d'Afrique ou d'Asie, incapables de payer?
Dans un domaine, au moins, cette « fiction » est déjà la réa- lité : la Chine ne peut plus produire assez d'huile, et commande cette année pour 9 milliards de dollars de graines de colza à l'Amérique, sans compter d'énormes stocks de soja argentin et du Brésil. On voit à l'horizon de la planète verte une tempête qui se prépare, made in China.

Eric Meyer, à Pékin

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Publié le 3 Juillet 2008

 Le magnat, les cent architectes et la fin des yourtes

Un riche magnat a appelé une centaine d'archis à concourir pour la réalisation d'un nouveau quartier dans la ville d'Ordos, rapporte The New York Times. La consigne : bâtir des maisons qui ressembleraient à tout sauf à des yourtes.

Il n'y a pas si longtemps, les habitants de Mongolie-Intérieure, une région autonome située à 560 kilomètres à l'ouest de Pékin, vivaient dans des tentes sophistiquées appelées yourtes. Aujourd'hui, alors qu'ils sont au nombre de 1,5 million, la plupart vivent dans des habitations comparables à celles des autres grandes villes. Selon le vice-gouverneur Bao Chongming, la région a le deuxième revenu par habitant de Chine (après Shanghai).

En avril dernier, un important groupe d'architectes provenant de vingt-sept pays différents a passé cinq jours à Ordos [ville-préfecture du sud de la région autonome] à la demande d'un magnat local. Cai Jiang – qui a fait fortune dans le charbon et le lait, avant de se lancer dans l'immobilier – les avait chargés de dessiner chacun une maison individuelle suffisamment spacieuse pour abriter des aménagements tels que des appartements pour les domestiques ou des piscines intérieures. Cette opération entrait dans le cadre d'un projet de plusieurs milliards de dollars visant à construire un "quartier culturel".

Ainsi, à l'heure où les marchés de l'immobilier occidentaux se contractent et où les chiffres d'affaires des architectes sont, selon l'American Institute of Architects, à leur niveau le plus bas depuis douze ans, M. Cai offrait à ses invités une chance unique de participer à un grand projet tout en étant grassement payés. "Pour de jeunes architectes qui n'ont pas beaucoup de commandes, c'est prodigieux", se félicite Michael Meredith, venu de New York avec son associée, Hillary Sample.

Située dans le désert de Mongolie-Intérieure, la ville d'Ordos s'est enrichie rapidement grâce à ses énormes réserves de charbon. Pour faire face au surpeuplement du vieux quartier central de Dongsheng, les autorités ont décidé il y a quelques années de construire une nouvelle zone urbaine, Kangbashi, à 30 kilomètres de là. Sa population devrait atteindre 100 000 habitants d'ici à la fin de 2008 et cinq fois plus en 2010. C'est de cette opération que sont nés des projets annexes, comme le quartier culturel de M. Cai.

Ce dernier dit avoir conçu le projet "Ordos 100" dans le but de mieux faire connaître la région et de développer le sens esthétique des nouveaux riches qui y vivent. A l'âge de 40 ans, il connaît bien le mode de vie dont il se fait le champion : il se déplace en Harley-Davidson ou dans une Mercedes conduite par un chauffeur, possède une résidence à Baotou [la plus grande ville de Mongolie-Intérieure] et des maisons à Pékin et à Shanghai, collectionne les œuvres d'art contemporain et apparaît rarement sans un cigare cubain à la bouche.

En 2007, M. Cai a pris contact avec les architectes suisses Jacques Herzog et Pierre de Meuron pour qu'ils l'aident à construire les cent maisons. (Depuis qu'ils ont conçu le fameux stade olympique de Pékin, les deux hommes sont des superstars en Chine.) Plutôt que de les dessiner eux-mêmes, MM. Herzog et de Meuron ont préféré recruter cent cabinets d'architecture dans le monde et demander à leur ami Ai Weiwei, le célèbre artiste chinois, d'assurer la coordination du projet.

Sur les 100 équipes qui ont accepté l'invitation, 28 se sont rendues à Ordos en janvier dernier pour voir le site et rencontrer le client. Ils y sont retournés en avril avec des maquettes.
Nombre d'architectes semblaient pris de vertige à l'idée d'être libérés des contraintes auxquelles ils sont habituellement soumis dans leurs propres villes, où les lois sur la préservation du patrimoine, conjuguées à la rareté des chantiers, font qu'ils n'ont guère l'occasion de dessiner de nouveaux bâtiments. Daniel Rosbottom, un associé de 38 ans du cabinet londonien DRDH Architects, décrit sa ville comme "un environnement difficile pour de jeunes architectes" et Ordos comme "une formidable occasion de construire un édifice de grande envergure dans des délais très brefs".

M. Ai, pour sa part, qui est connu pour son tempérament provocateur, ne s'est pas montré très impressionné par les quelques maisons aux murs courbes censées rappeler les yourtes. "Quand je les ai vues, je me suis dit que c'était une blague", a-t-il confié ultérieurement. Il est vrai qu'Ordos n'a rien d'un campement. "Aujourd'hui, la tribu de nomades, ce sont plutôt ces hommes vêtus de noir", a-t-il ajouté à propos des architectes qui avaient parcouru des milliers de kilomètres pour trouver du travail.

 

Repères
Le tandem d'architectes suisses Jacques Herzog et Pierre de Meuron (prix Pritzker pour l'ensemble de leur œuvre en 2001) ont imaginé le stade national de Pékin conçu pour les JO de 2008. Baptisé "Nid d'oiseau" en raison de sa forme, il a été conçu en collaboration avec plusieurs architectes chinois et l'artiste Ai Weiwei. Le stade est le fleuron des travaux de titan réalisés par Pékin pour accueillir les Jeux olympiques. D'une capacité de 91 000 places, sa surface s'étend sur 258 000 mètres carrés (il mesure 330 m de long, 220 m de large et 69,2 m de haut), et il a fallu utiliser 45 000 tonnes d'acier. Les travaux ont duré cinq ans et sa réalisation coûté 350 millions d'euros environ. Il accueillera les épreuves d'athlétismes des Jeux, ainsi que les cérémonies d'ouverture et de clôture, les 8 et 24 août prochain.

 

Fred A. Bernstein
The New York Times

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Publié le 1 Juillet 2008

Le "nid d'oiseau" protégé par des missiles sol-air
 
Pour parer à l'éventualité d'attentats terroristes pendant les Jeux olympiques, Pékin vient d'installer des missiles antiaériens autour du stade national, connu en Chine sous le nom de "nid d'oiseau", du fait de sa structure métallique entrelacée, rapporte le journal singapourien Lianhe Zaobao.

Interrogé par le journal hongkongais South China Morning Post, Ma Xin, le conseiller pour la prévention antiterroriste auprès du comité d'organisation des JO, explique que Pékin ne fait que suivre l'exemple des Grecs, des Allemands et des Sud-Coréens, organisateurs des précédents JO et Coupe du monde. Il refuse d'indiquer le nombre et le modèle de missiles déployés, mais des photos sont déjà publiées sur certains sites, sur lesquelles on aurait reconnu le "Redflag-7" (qui serait une copie chinoise d'un modèle de missile sol-air français), destiné à intercepter des cibles de basse altitude. Certains internautes pékinois se disent d'ailleurs impressionnés par ces missiles déployés sous leurs yeux, scène qu'ils n'avaient vue jusque-là que dans des films, selon un autre journal hongkongais, le Singtao Jihpao.

A l'approche des JO et dans un contexte où Pékin s'alarme d'une agitation indépendantiste supposée accrue, la Chine renforce de jour en jour ses dispositifs de sécurité. Un nouveau commando - spécialisé dans la lutte antiterroriste - de 120 personnes vient d'être mis en place, qui comprend une dizaines de femmes.

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Publié le 28 Juin 2008

 La presse chinoise a disposé d’une liberté sans précédent pour couvrir le séisme du Sichuan. L’appareil d’Etat était dépassé par les événements. Mais il tente aujourd’hui de reprendre la main.

Les images de corps sans vie empilés, de leurs proches en pleurs hurlant de désespoir, de rescapés emmitouflés dans des tenues de l’armée, ont fait le tour du monde. Cela s’est passé le 12 mai dans la province chinoise du Sichuan. Le grand tremblement de terre de magnitude 8, qui a fait près de 100 000 morts [70 000 morts et au moins 20 000 disparus], restera gravé dans nos mémoires. Les centaines de journalistes chinois et étrangers qui se sont rendus sur les lieux de la catastrophe et ont transmis des nouvelles du séisme dès la première heure constituent aussi un événement majeur dans l’histoire de la presse chinoise.
C’est la première fois depuis la fondation de la Chine communiste [en 1949] que les journalistes ont pu travailler aussi librement. C’est aussi la première fois depuis les événements de Tian’anmen, en 1989, que la Chine est le principal théâtre d’opérations de la presse. Mais, contrairement à il y a dix-neuf ans, cette fois, l’initiative en revient au gouvernement chinois. Le rédacteur en chef de Phoenix TV, Lü Ningsi, y voit une évolution logique et non une “décision intempestive”. Cette avancée est le fruit d’années d’efforts incessants de la part des professionnels des médias en Chine pour repousser les limites de l’information.
L’inertie des rouages traditionnels ne pouvait toutefois pas disparaître du jour au lendemain. Le jour même du tremblement de terre, les différents médias chinois ont reçu comme d’habitude des ordres du département de la Propagande leur interdisant de dépêcher des journalistes sur place et leur demandant d’utiliser uniquement les services de l’agence officielle Xinhua. Mais, cette fois-ci, personne n’a respecté les consignes. Leur sens de l’information a fait sentir aux journalistes qu’un événement majeur venait de se produire. Aussi, sans tenir compte des interdictions, ils se sont précipités sur les lieux de la catastrophe avec l’idée de servir comme bénévoles s’ils ne pouvaient pas envoyer leurs reportages. Et le département de la Propagande n’a pas demandé, comme par le passé, aux médias de rappeler leurs journalistes. [Il semble que les journalistes du groupe Nanfang, réputé pour ses enquêtes approfondies, aient finalement reçu l’ordre de rentrer à Canton les premiers jours de juin, mais on ne sait pas si cela a été suivi d’effet.]
“Sur place, personne n’empêchait les journalistes et les bénévoles de passer, et, quand on demandait des renseignements aux autorités, celles-ci se montraient très coopératives”, raconte Long Zhi, un journaliste parti de son propre chef sur les lieux de la catastrophe.
Les médias chinois n’avaient jamais connu cela : au cours de ce tremblement de terre, ils ont disposé d’un espace d’expression ouvert, sans que personne soit là pour les museler. Le changement le plus spectaculaire s’est opéré sur CCTV, la chaîne de télévision nationale. Le 12 mai, à 15 h 12, CCTV a débuté ses émissions en direct sur le séisme. A partir de ce moment-là, la chaîne, forte d’une importante équipe de reporters sur place (environ 160), a diffusé en continu près de 200 heures de direct, établissant ainsi un nouveau record dans l’histoire chinoise du direct télévisé.
Couvrir la catastrophe de façon positive

En Chine populaire, il faut remonter à la rétrocession de Hong Kong, en 1997, pour trouver un précédent. Auparavant, le direct était un mode de diffusion jugé très délicat car impossible à soumettre à une censure préalable. [La télévision diffuse parfois des émissions en “faux direct”, c’est-à-dire avec un décalage de quelques secondes entre l’événement et la diffusion. Cela permet de filtrer les images : lors de la remise de la flamme olympique en Grèce, les spectateurs chinois n’ont rien vu des “perturbations” de la cérémonie.] Pour le célèbre réalisateur et présentateur vedette de CCTV Bai Yansong, la couverture du séisme n’a pas été “un simple direct” : elle a donné une nouvelle image de l’Etat. “Désormais, juge-t-il, aucun retour en arrière n’est possible, on ne peut qu’aller vers plus d’ouverture.” Le 18 mai, les émissions en direct de CCTV avaient déjà attiré plus de 900 millions de téléspectateurs Les journalistes chinois ont dé­montré, à la faveur de cette ouverture, qu’ils étaient animés de nobles idéaux et d’une grande conscience professionnelle. Mais leur comportement leur a parfois valu des critiques. Certains journalistes sont allés dans les hôpitaux interviewer des orphelins étreignant le corps de leurs parents morts dans le séisme, en leur posant ce type de questions : “Ton papa et ta maman sont morts. Que ressens-tu maintenant ?” Au cours d’un reportage en direct, un journaliste en quête de sensationnalisme n’a pas hésité à faire irruption dans le bloc opératoire pour interviewer médecins et blessés ! Les journalistes de Chine populaire ont à eux-mêmes.

La fenêtre donnant sur le Sichuan a été ouverte ; la capacité du pouvoir actuel à gérer la crise est mise à l’é­preuve, et ce test doit se dérouler au vu et au su de tous, sinon la profonde émotion suscitée par la catastrophe et les louanges adressées au gouvernement risquent de laisser place très facilement au désespoir et à la colère. Or l’attitude du gouvernement chinois aujourd’hui paraît particulièrement hésitante. Le 23 mai, la presse a tout d’abord reçu un avis du département de la Propagande, lui demandant de couvrir la catastrophe du Sichuan de façon positive. Ensuite, le 27 mai, les grands portails Internet ont reçu des consignes très détaillées mais difficiles à faire respecter. Ainsi, il leur est interdit de dénoncer les constructions “en fromage de soja” [utilisant des matériaux de mauvaise qualité], qui sont à l’origine de nombreux effondrements ; de dire que le tremblement de terre avait été annoncé par certains spécialistes ; d’attaquer le gouvernement pour la lenteur et l’inefficacité des secours et pour sa répartition incohérente de l’aide matérielle ; d’affirmer que le séisme est l’expression d’une colère ou d’une condamnation céleste [la catastrophe naturelle est dans l’imaginaire collectif chinois un signe annonçant un changement de régime, la perte de légitimité du gouvernement].
Durant la catastrophe, le gouvernement et la population ont été sur la même longueur d’onde comme jamais auparavant. Il était urgent de sauver des vies, et la recherche des responsabilités passait au second plan. Quand, au cours de la première se­maine, alors que l’urgence était à son comble, les médias se sont hasardés à mettre en cause la compétence des équipes de secours gouvernementales et la qualité des constructions, ils se sont fait spontanément vilipender par l’opinion publique. Mais, vingt jours après le séisme, des voix ont commencé à s’élever dans la population pour demander que les responsabilités soient établies, enfonçant, semble-t-il, le gouvernement dans son conservatisme. Le bras de fer entre l’opinion et ceux qui la contrôlent a commencé...

 

Zhang Jieping
Yazhou Zhoukan

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Publié le 26 Juin 2008

Alda Engoian

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Publié le 24 Juin 2008

Comment les provinces chinoises peuvent-elles venir en aide aux victimes du séisme du 12 mai ? La solution du déplacement de population de province à province, grâce à un mécanisme de jumelage, est proposée. Mais elle est loin de faire l'unanimité.

Dans certaines régions sinistrées, les autorités souhaiteraient recourir au déplacement de populations vers d'autres provinces, pour alléger la pression démographique. En effet, de nombreux villages ont été purement et simplement rayés de la carte, et dans les zones montagneuses, les terrains constructibles sont naturellement limités. Mais aucune province ou grande municipalité n'a pour l'instant explicitement donné son accord à l'accueil de ce genre d'immigrés.
Cette idée a d'abord été soulevée par la préfecture de Qingchuan, le 23 mai, par le biais d'une circulaire encourageant les autorités des communes lourdement touchées à faire émigrer une partie des sinistrés vers d'autres régions du Sichuan, mais aussi vers les provinces éloignées du Zhejiang (est de la Chine) et du Shaanxi (nord du pays). Le même soir, l'état-major des secours aux sinistrés à Qingchuan faisait savoir que le district s'était déjà fixé l'objectif d'un relogement de 30 000 personnes vers ces destinations. Au Zhejiang, le programme de relogement reposerait sur le mécanisme de jumelage à vocation humanitaire avec Qingchuan mis en place par le ministère des Affaires civiles.
Quand elle s'est propagée sur Internet, la nouvelle a suscité de nombreux remous. Sur des forums comme Tianya, le débat a fait rage sur l'opportunité de déplacer vers le Zhejiang les sinistrés du Sichuan. Un internaute originaire du Zhejiang a estimé que les nouveaux arrivés auraient du mal à s'intégrer du fait des différences d'habitudes de vie, tandis que d'autres rétorquaient qu'il était de la responsabilité des provinces côtières riches d'apporter leur soutien aux sinistrés.

L'opinion des autorités locales est pour l'instant réservée. Les autorités du Zhejiang ne se sont pas montrées très favorables à l'idée de leurs homologues de Qingchuan. Cheng Ke, directeur du Bureau des affaires civiles de la province du Zhejiang, nous a confié que le gouvernement serait bien obligé de le faire si l'Etat l'exigeait absolument. Pour recevoir des migrants, ils devraient alors prendre en compte toute une série de problèmes économiques et sociaux qui en découleraient, sans parler du coût financier et de la mise à disposition des terrains nécessaires. De son côté, le département de la Propagande du Zhejiang a demandé aux médias locaux de ne diffuser aucune information à ce sujet.

Les inquiétudes du Zhejiang ne sont certes pas dénuées de tout fondement. On a pu voir, avec le déplacement massif de population lors de la réalisation du barrage des Trois-Gorges [à quelques centaines de kilomètres de l'épicentre du séisme], les problèmes sociaux que de tels transferts pouvaient poser. D'après Cheng Ke, le Zhejiang a déjà dû accueillir plus de 9 000 personnes originaires de la région des Trois-Gorges. Comme il était impossible de leur affecter un village entier, ils ont été répartis entre les villes de Hangzhou, Jiaxing et Huzhou. Bien que les pouvoirs publics locaux aient mis à leur disposition des facilités d'emploi et des aides financières, leur intégration à la population locale ne se passe pas sans anicroches : par exemple, ils pensent qu'il est inutile d'avoir une plaque pour servir de taxi, alors que les locaux l'estiment nécessaire ; ils trouvent donc anormal de se faire arrêter pour cela et n'hésitent pas à porter plainte. Ces dernières années, les habitants des Trois-Gorges qui ont été déplacés dans d'autres régions du pays ont souvent choisi de regagner leur terre natale au moyen de la prime de relogement.

Par ailleurs, à Dujiangyan, la municipalité a sondé les habitants des communes les plus touchées de sa circonscription pour connaître leurs intentions, mais sans évoquer explicitement la possibilité d'être relogés dans d'autres provinces. D'un côté, les sinistrés aspirent à quitter cet endroit dangereux pour commencer une nouvelle vie dans des régions plus riches, mais d'un autre côté, le manque de clarté du projet de relogement et les incertitudes inhérentes à toute migration les inquiètent.

D'après un fonctionnaire chargé de la vie quotidienne au quartier général des secours aux sinistrés, il n'y a pas encore de projet national de déplacement de population. Liang Wei, directeur adjoint de l'institut d'urbanisme de l'université Qinghua, à Pékin, considère qu'il faut promouvoir dans tout le pays des mesures d'aide à l'emploi et adopter de nouveaux modes de solidarité pour inciter les habitants des régions sinistrées à venir travailler dans les grandes villes. Cela permettrait de réduire la charge du relogement de la population pour les régions sinistrées, tout en permettant aux victimes du séisme d'oublier leur malheur en menant une vie mieux remplie et d'amasser à nouveau des richesses pour retrouver au plus vite une vie sociale normale.

 

 

Chen Zhongxiaolu, Wang Xiaolin, Zhao Hejuan, Li Zhigang
Caijing

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Rédigé par Taichichouaneur

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Publié le 23 Juin 2008

Il est aussi absurde de regretter le passé que d'organiser l'avenir.

[ Roman Polanski ]

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Rédigé par Taichichouaneur

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Publié le 22 Juin 2008

Les Chinois se croyaient égoïstes et voués au culte de l’argent. A tort : l’ampleur de la solidarité après le séisme du Sichuan annonce peut-être une nouvelle ère.

Peut-être la Chine sortira-t-elle transformée de l’an­née 2008 ! Le 19 mai à 14 h 28 [une semaine précisément après le séisme], 1,3 milliard de personnes se sont immobilisées et ont fait silence en même temps. Il faut sans doute remonter à la mort de Deng Xiaoping pour trouver un tel moment de recueillement à l’échelle nationale. L’hommage était rendu cette fois-ci à de simples citoyens, à des habitants comme vous et moi. A la fin des trois minutes de silence, un grand courant d’émotion a parcouru la foule rassemblée sur la place Tian’anmen, qui, sans s’être concertée (ni en avoir eu besoin), s’est mise à scander : “Sichuan, tiens bon !”, “Allez la Chine !” Les gens, le poing levé, étaient en pleurs – comme l’étaient toutes les personnes rassemblées devant leur poste de télévision. Mais cette ferveur ne peut être réduite à du patriotisme. Elle est aussi faite d’amour pour leurs compatriotes.
Trente ans après le lancement des réformes, la condition des Chinois s’est améliorée, mais cela s’est accompagné d’un effondrement des valeurs morales et d’un grand vide spirituel. La population est préoccupée par le manque de sécurité des produits alimentaires chinois, la malhonnêteté de certains marchands ou encore la corruption parmi les agents de l’Etat.
Or, tout à coup, nous avons vu des images étonnantes : celle d’un handicapé se traînant à la force des bras jusqu’à un comptoir de collecte de dons ou celle de ces malades des “villages du sida” de la province du Henan [où la population a été contaminée en vendant son sang], si souvent oubliés, qui ont téléphoné pour proposer leur aide financière – correspondant à un mois de revenus ! Oublions l’avarice d’une minorité de richards et la mesquinerie de certains cadres qui ont fait fortune dans l’industrie charbonnière, pour ne regarder que ces Chinois ordinaires, considérés d’habitude comme des êtres grossiers, ces Chinois qui sont pourtant ô combien admirables !
La construction d’une société ci­toyenne implique une morale ci­toyenne fondée sur la confiance mu­tuelle. Chacun a eu les oreilles rebattues de ces histoires de héros qui ont sauvé des vies au mépris de la leur. C’est pourtant leur caractère collectif qui rend ces ­histoires particulièrement émouvantes, et qui nous fait soudain prendre conscience de l’existence d’une confiance réelle : il est encore possible de confier les enfants aux enseignants et il est encore possible de compter sur les gens de son village pour s’occuper des anciens.
Ces histoires innombrables prouvent une chose : en cas de crise, chacun est prêt à protéger les autres comme les siens, en attendant la réciproque. Il est certain que le tremblement de terre du Sichuan a donné l’occasion à chacun de réaffirmer ses capacités et sa conscience du bien et du mal, et à l’ensemble de la population de réaffirmer la confiance mu­tuelle et l’entraide. Cette tragédie a fortement contribué à l’éveil d’une morale ci­toyenne. De ce point de vue, lorsque les gens crient “Allez la Chine !”, “la Chine” représente ici plus eux-mêmes que le gouvernement.


Des bénévoles accourus sans préparation ni formation

L’Etat a certes démontré sa compétence, et la gendarmerie, les pompiers et l’armée ont été impressionnants par leur abnégation, ne craignant ni la fatigue ni le danger pour sauver des vies. Cependant, il faudrait encore moins oublier le dévouement des in­nombrables volontaires. Pour dire les choses telles qu’elles sont, la démarche de ces gens qui ont accouru sur les lieux au volant de leur voiture, sans aucune préparation ni formation préalable, avait un côté un peu balourd et brouillon. Cela a pourtant permis de libérer une énorme énergie.
On peut se demander quel besoin il y a de solliciter l’aide de bénévoles ou d’organisations non gouvernemen­tales, puisque le gouvernement fait preuve d’une réelle efficacité. La ré­ponse est simple : lors des catastrophes naturelles, c’est une lutte contre la montre et on ne peut pas tout miser sur une seule institution. En 2005, le gouvernement américain a tardé à porter secours aux victimes de l’ouragan Katrina, qui a ravagé La Nouvelle-Orléans, mais de nombreuses associations et entreprises sont intervenues en première ligne, et beaucoup plus vite.
En Chine, les associations se ­heurtent depuis longtemps à de nombreuses difficultés, notamment pour récolter des fonds [pour exister, elles doivent être enregistrées, donc contrôlées par les autorités]. Les personnes enclines à la philanthropie ne savent pas très bien si les organismes recevant les dons sont dignes de confiance. En l’absence de concurrence, certaines associations semi-gouvernementales ont une structure très lourde qui obère leur efficacité. De plus, la levée de fonds par des associations d’initiative populaire leur fait souvent courir le risque de se placer dans l’illégalité [très peu sont habilitées à le faire].

Le manque de maturité des associations explique certaines scènes de pagaille au cours de ces opérations de secours qui ont mobilisé tout le pays. En situation inconfortable, les associations caritatives ont eu du mal à ­collecter sur-le-champ des fonds suffisants et ne disposaient pas d’un grand nombre de bénévoles formés prêts à intervenir dans l’urgence sur les lieux de la catastrophe, comme c’est le cas à l’étranger. Les associations chinoises manquent aussi de mécanismes de coordination bien rodés leur permettant d’échanger des informations et de répartir les tâches avec efficacité. Les grands organismes publics et semi-gouvernementaux, eux non plus, ne sont pas adaptés à cette contrainte.
Depuis trente ans, les pouvoirs publics ont progressivement cédé au marché une partie de leur domaine, ce qui a permis à la Chine d’entrer dans une phase de prospérité sans précédent. Néanmoins, le désengagement du gouvernement a parfois été trop poussé et trop rapide – par exemple dans l’éducation, la santé et les services sociaux. Chaque fois que j’observe les débats à ce sujet, je ne peux m’empêcher de penser : et la place des citoyens dans tout cela ?
Les initiatives populaires qui se sont manifestées du nord au sud du pays pour apporter leur aide aux sinistrés sont encourageantes ; sont-elles le signe que nous sommes entrés dans une nouvelle ère ? Entre le gouvernement et le marché, la Chine commencerait-elle à voir émerger un troisième secteur ? J’espère que cette année hors normes sera un tournant dans le processus de réformes et d’ouverture, qu’elle fera de notre peuple des citoyens sûrs d’eux et pleins d’initiative, et qu’elle fera entrer notre pays dans une ère doublement bénéfique, où nous aurons un gouvernement fort et une société forte.

* Chroniqueur hongkongais.

Liang Wendao*
Nanfang Dushibao

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Rédigé par Taichichouaneur

Publié dans #taichichuan-cotebasque

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