Les trains circulent sur le "Toit du monde" grâce au chemin de fer Qinghai-Tibet
Le premier train à emprunter le chemin de fer Qinghai-Tibet a quitté la capitale chinoise Beijing le 1er juillet 2006. Après 48 heures de trajet, il est arrivé à Lhasa, capitale de la région autonome du Tibet, dans le sud-ouest de la Chine, inaugurant un nouveau moyen de relier le plus haut plateau du monde au reste de la Chine.
En construisant cette voie sur le "Toit du monde", la Chine a ajouté un chapitre à l'histoire ferroviaire mondiale et fait mentir la prophétie de l'américain Paul Theroux pour qui "le mont Kunlun était une garantie d'inaccessibilité de Lhasa en train".
La construction du chemin de fer Qinghai-Tibet a commencé en 1958. La première phase du projet reliant Xining, capitale de la province du Qinghai, à Golmud, à la frontière entre le Qinghai et le Tibet, a été conclue en 1984. La seconde phase, reliant Golmud à Lhasa, a duré de juin 2001 à octobre 2005.
Parcourant 1 956 km entre Xining et Lhasa, le chemin de fer Qinghai-Tibet est le plus long au monde en plateau. C'est aussi le plus haut avec 960 km de rail à 4 000 m au dessus du niveau de la mer. Son point culminant se trouve à 5 072 m d'altitude, soit 200 m de plus que le chemin de fer péruvien des Andes qui détenait avant le record d'altitude.
La conception et la construction d'un tel ouvrage ont dû apporter des solutions aux problèmes de manque d'oxygène et de basses températures. C'est ce qui en fait une "prouesse d'ingénierie". Sur le permafrost et la neige fondue, que l'on pensait incapables de supporter le poids des rails et des machines, les trains roulent jusqu'à 100 km/h.
Afin de combattre les effets de l'altitude chez les passagers, des systèmes d'oxygénation ont été installés. L'un envoie de l'air dans les compartiments par le système d'air conditionné et l'autre fournit de l'oxygène aux passagers individuellement.
Grâce à ces équipements haute-technologie, le Qinghai-Tibet permet de voyager confortablement et en toute sécurité. 118 000 personnes l'ont emprunté pour aller au Tibet dans son premier mois de service, soit 4 400 personnes par jour en moyenne. Selon l'administration touristique régionale, le Tibet devrait accueillir plus de 2,6 millions de touristes en 2006, une hausse de 44 % en base annuelle.
Cette nouvelle liaison ferroviaire profite tant aux touristes qu'aux populations locales qui le considèrent comme une "voie céleste" vers l'harmonie, le bonheur et la prospérité économique.
Les liaisons entre Lhasa et les principales grandes villes chinoises comme Beijing, Shanghai, Xining, Chengdu et Guangzhou devraient permettre de transporter 75 % du fret total envoyé au Tibet, réduisant les coûts de transport et dynamisant l'économie locale.
Ce chemin de fer devrait également entraîner une amélioration de la qualité de vie des populations du Qinghai et du Tibet, donner un nouvel élan aux réformes locales et promouvoir les échanges, la coopération et l'unité entre les différents groupes ethniques pour parvenir à la prospérité et au développement commun.
L'aboutissement de ce projet marque également le début d'une nouvelle ère commerciale pour la Chine et les nations d'Asie du sud comme l'Inde et le Népal, auparavant pénalisés par la difficulté des transports.
Vaste de 1,2 millions de km2, la région autonome du Tibet représente 1/8ème du territoire chinois. Avant la construction du chemin de fer Qinghai-Tibet, passagers et marchandises voyageaient à bord de bus, camions et avions.
Le rêve formulé par Sun Yat-sen, précurseur de la révolution démocratique de la Chine, il y a un siècle est enfin devenu réalité.
Le gouvernement chinois prévoit de construire trois autres voies ferrées au Tibet et d'agrandir la voie Qinghai-Tibet. Ces nouvelles lignes devraient être construites sur 10 ans et porter à plus de 2 000 km la longueur totale du réseau ferré dans cette région.