Céline, une Française que nous avions déjà interviewée sur la vie de couple avec un Chinois, répond encore une fois aux questions de Chine Informations concernant les enfants en Chine.
Bonjour Céline, tu es Française, ton mari est Chinois, tu as eu ton premier enfant(un garçon) en Chine il y a deux ans et vous vivez depuis ce temps dans le pays. Merci d'avoir accepté de répondre à nos questions.
L'accouchement
C.I. : Tu as accouché en Chine par choix ou obligation ?
Céline : Je dirais que c'était plutôt un choix. J'ai visité plusieurs maternité avant d'accepter d'accoucher en Chine la dernière que j'ai visitée à été la bonne. Si j'avais choisi d'accoucher en France, il aurait fallu rentrer plusieurs mois en France ( avant et après l'accouchement ). Mon mari travaillant en Chine, il aurait fallu que l'on se sépare pendant au minimum 6 mois, puisqu'il est déconseillé de prendre l'avion avec un nourrisson qui vient de naître. Je voyais mal passer la fin de ma grossesse seule et vivre les premiers mois avec le petit sans que mon mari soit près de moi.
Était-ce dans un hôpital public ou privé ?
Dans la province où j'habite, le Hunan, il y a deux grandes maternité publiques : la maternité provinciale du Hunan et la maternité de Changsha. Les deux sont bonnes mais j'ai choisi la maternité la plus proche de chez moi.
Quel en fut ton expérience ?
Faire un enfant en Chine, ce n'est pas seulement accoucher ! Il y a tout un suivi nécessaire à faire tout au long de la grossesse. Les maternités chinoises sont toujours bondées, il faut faire la queue pendant des heures, on est traitées comme des numéros, et on passe les examens à la chaîne, comme dans une usine. Il s'avère que mon accouchement était prévu pour l'année du dragon.Or, nombreux sont les familles chinoises qui rêvent d'avoir “un bébé dragon” à la maison. Il se trouve donc que cette année-là, il y avait encore plus de femmes enceintes que pour les autres années ! Heureusement, nous sommes en Chine : il y a toujours un étage VIP ! Les conditions matérielles sont largement meilleures qu'aux autres étages, le service aussi, mais bien sûr, le prix n'est pas le même ! A titre d'exemple, pour chaque consultation faite à l'étage VIP, il faut débourser 40 yuans de plus de frais de consultation ; de même, un accouchement par voie naturelle sera facturée 10 000 yuans environ, à la place de 4500 à l'étage inférieur.
C'est plus cher, certes, mais la différence est flagrante. A chaque consultation, les médecins et infirmières sont très souriantes, elles prennent le temps de t'écouter et de répondre à tes questions. L'environnement est calme, très agréable. Chaque femme possède un carnet de santé de grossesse, on peut y trouver tous les conseils à suivre pendant cette période et de nombreuses brochures sont proposées pour renseigner sur la péridurale, l'accouchement par césarienne etc. Avant l'accouchement, des séances de préparation sont proposées gratuitement par la maternité : séance de yoga avec le père, travail de respiration et massages pour soulager les jambes lourdes etc. Pendant l'accouchement, les règles d'hygiène et de propreté sont les mêmes qu'en France. Après l'accouchement, on est placée dans une jolie chambre ( avec lit électrique, climatisation, salle de bains individuelle, balcon, TV, canapé etc) et une infirmière vient chaque jour pour nous montrer comment allaiter et nous aider avec le bébé. Les infirmières viennent changer les draps une fois par jour et les poubelles de la chambre sont vidées toutes les 4h environ. Si c'est une fille, on accroche une poupée rose sur la porte, si c'est un garçon, c'est une poupée bleu. Dans chaque chambre, il y a un tableau où l'infirmière écrit toutes les précautions à prendre, notamment ce qu'il est conseillé de manger et de ne pas manger. Chaque matin, une infirmière vient prendre le bébé et on peut assister au premier bain en piscine !
N'as-tu pas pensé le faire en France ?
Je pense que je n'aurais pas eu la même attention en France, ni la même qualité de service. Beaucoup d'amies m'ont parlé de leur mauvaise expérience d'accoucher en France, je pense que ça m'a un peu rebuté.
Et si c'était à refaire ?
Sans aucune hésitation, je le referais exactement de la même manière !
La nationalité
Quelle est la nationalité actuelle de ton enfant ?
Mon fils a la nationalité française.
Était-ce un choix ou une obligation ?
A la naissance, on a eu le choix. On a préféré choisir la nationalité française parce que c'est plus simple de voyager avec un passeport français et pour lui simplifier de nombreuses formalités s'il veut, plus tard, suivre des études supérieures en France.
Cela te pose-t-il un problème ?
Non, on était d'accord depuis longtemps.
L'éducation
L'éducation des enfants en Chine est très éloignée de celle en France, quelles différences t'ont le plus marquées à ce jour et celles que tu crains éventuellement ?
C'est vrai qu'il existe de nombreuses différences, notamment dans les établissements scolaires. 40 élèves par classe de maternelle, 60 par classe au collège, très peu de suivi scolaire de la part des professeurs, des problèmes d'hygiène à l'école etc...Pour ce qui est de l'éducation à la maison, chaque parent est libre d'éduquer son enfant comme il le souhaite, c'est pour ça qu'on a choisi l'éducation mixte. Mon fils apprend aussi bien le français que le chinois, il peut tout aussi bien jouer au “facteur n'est pas passé” qu'aux toupies chinoises. On lui apprend la politesse française, mais aussi le respect des règles comme en Chine.
On entend souvent parler de conflits au sujet de l'éducation des métis avec les beaux-parents chinois, qu'en est-il pour toi ?
Je m'entends très bien avec mes beaux-parents parce qu'on a su mettre des règles dès le départ. Quand je suis tombée enceinte, je leur ai dit que je n'allais pas faire comme la plupart des chinoises. A 8 mois de grossesse, je continuais à faire des randonnées en montagne, j'allais à la piscine, je mangeais ce que je voulais. Je les ai prévenus également que je ne garderais pas le lit pendant un mois comme les chinoises, en leur expliquant pourquoi. Je pense que je serais devenue folle si j'avais dû rester enfermée chez moi pendant un mois sans pouvoir ouvrir une seule fenêtre, à manger de la bouillie de riz et à entendre inlassablement les parents, les beaux-parents, la Yuesao ( la sage-femme payée pour s'occuper du bébé le premier mois ) et la Baomu ( la femme de ménage ) courir dans tous les sens dans la maison et s'exciter dès que le bébé pleure ! Ca ne m'étonne pas que 90% des chinoises aient le “baby-blues” après l'accouchement, il y a vraiment de quoi déprimer...Je leur ai dit que le premier mois, j'avais besoin d'espace pour souffler, d'être seule à la maison pour pouvoir souffler, me reposer et allaiter en paix. Et bien ils m'ont écoutée ! Ils passaient à la maison de temps en temps pour voir le bébé, j'allais chez eux aussi pour manger, ils préparaient des soupes de poisson super-énergétiques et le soir je rentrais tranquillement chez moi.
Les langues
Quelles langues parle aujourd'hui ton enfant de deux ans ?
Il parle couramment le français et le chinois.
Quelle langue privilégiez-vous à la maison ?
A la maison, il parle en français avec moi et en chinois avec son père.
Comment comptes-tu faire pour les années à venir ?
Je pense l'inscrire dans une école maternelle chinoise l'an prochain (on continue de visiter, on a pas encore vraiment trouvé d'école qui nous plaise ) mais je continuerai à lui faire l'école à la maison, pour qu'il progresse toujours en français.
L'environnement
La Chine est régulièrement touchée par des pics de pollution. N'as-tu pas peur pour la santé de ton enfant ?
Si bien sûr, comme tout le monde ici. Il y a quelques années, on a installé des filtres anti-poussières et des purificateurs d'air dans l'appartement. Je regarde régulièrement les rapports de pollution et on évite de sortir quand l'air est trop mauvais.
Et concernant les scandales alimentaires à répétition, comment t'assures-tu de la qualité des aliments ?
Pour l'eau, c'est la même chose, on a installé un filtre et on fait toujours bouillir l'eau avant de la boire. Malheureusement, ce n'est pas suffisant et on pense installer un filtre pour l'eau de la douche et des lavabos. On achète beaucoup de produits importés, notamment le lait, les pâtes et le fromage. On plante nos propres légumes et on achète la viande dans les marchés de viande fraîche. Malheureusement, malgré toutes ces précautions, on est jamais à l'abri...
Comptes-tu malgré cela rester en Chine ou est-ce que cela pourrait un jour te pousser à rentrer en France ?
Je ne quitterais pour rien au monde la Chine ! Je suis déjà trop habituée à la vie ici pour pouvoir envisager de me réinstaller en France, en tout cas, pour le moment ! Par contre, j'aimerais déménager et m'installer dans une ville moins polluée, près de la mer.
La Rédaction
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