La tension monte au Xinjiang

Publié le 5 Septembre 2008

En huit jours, la région autonome ouïgoure du Xinjiang a été le théâtre d’attentats dans trois villes différentes. Tous visaient directement les symboles du pouvoir chinois dans cette province musulmane.

 

Au total, les attentats au Xinjiang ont fait 18 blessés et 30 morts, dont 20 membres des forces de l’ordre. Ces attaques, dont la presse chinoise n’a rendu compte que très brièvement, marquent un tournant dans la situation au Xinjiang et pourraient très prochainement déboucher sur une répression spectaculaire, selon des analyses publiées à Hong Kong et à Singapour.

 
“Il s’agit des attentats ayant causé le plus grand nombre de victimes parmi les forces de l’ordre chinoises au cours des quarante dernières années, et, selon les autorités chinoises, ils sont liés au djihad”,

souligne le Lianhe Zaobao. Le quotidien singapourien ajoute que, d’après le Congrès ouïgour mondial, 90 arrestations auraient déjà eu lieu.

 

 “Le succès des efforts menés par la Chine pour éliminer les poches de rébellion au Xinjiang musulman a peut-être poussé un mouvement accusé d’être séparatiste à passer la frontière vers le Pakistan et l’Afghanistan, l’exposant ainsi à une plus forte influence du djihad”, écrit de son côté le magazine hongkongais Asia Times Online. L’article cite le directeur de l’Institut international d’études stratégiques de l’université Qinghua, à Pékin, Chu Shulong, selon lequel “on a vu cette année l’émergence de nouvelles tactiques de la part des insurgés. Ils ne visent plus des civils en plaçant des bombes dans des autobus, comme dans les années 1990, mais s’attaquent à des employés du gouvernement, à l’armée et à la police. Ils ont pour but de mettre la population de leur côté.”
Cette stratégie a suscité une réponse très ferme de la part du secrétaire du Parti de la région, Wang Lequan, qui aurait déclaré lors d’une réunion des cadres régionaux que la “guerre contre les ‘trois forces du mal’– les groupes prônant le terrorisme, le séparatisme et l’extrémisme religieux – s’apparente à une lutte à mort à long terme”. Selon l’analyste Willy Lam, qui écrit dans le webzine hongkongais Asia Sentinel, “dès qu’on en aura fini avec les embarrassants Jeux olympiques, une pluie d’acier se déversera sur les régions rebelles. Des sources diplomatiques dans la capitale chinoise affirment qu’une opération militaire renforcée sera lancée dès la fin des compétitions, le 23 août, quand le monde n’aura plus les yeux fixés sur la situation des droits de l’homme en Chine.”


Dès avant le début des Jeux, les autorités chinoises avaient désigné les mouvements “séparatistes” ouïgours comme la plus grande menace potentielle pour la sécurité des compétitions. Or la sérénité des Jeux constitue actuellement “un objectif plus important que tout”, affirme Tianshan Wang, un site d’information officiel en chinois du Xinjiang. “C’est pourquoi non seulement nous allons resserrer le contrôle et élever notre niveau d’alerte, mais nous ferons tout pour ne pas laisser la moindre occasion au terrorisme et au séparatisme de relever la tête, afin d’assurer le succès des Jeux.” En attendant d’user de la manière forte, un quotidien local du Parti communiste, Akesu Ribao, a annoncé le versement d’une prime de 200 000 yuans (20 000 euros) à qui fournirait des informations permettant de déjouer des attentats visant les Jeux olympiques.

 

Source : Courrier International

Rédigé par Taichichouaneur

Publié dans #taichichuan-cotebasque

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