VIETNAM

Publié le 19 Octobre 2008

Ferveur nationaliste autour d’un site archéologique

Des fouilles menées dans le centre de Hanoï ont mis au jour des vestiges permettant de réaffirmer la splendeur du passé vietnamien.

Un terrain d’une importance stratégique situé dans le centre de Hanoï a révélé des secrets exceptionnels sur l’histoire longue et complexe du Vietnam. A quelques mètres sous terre, des archéologues ont découvert des tessons de bouteilles de champagne français, vestiges des excès coloniaux. En creusant plus profond, ils ont exhumé d’anciens bols en céramique décorés de motifs chinois et japonais, des jarres à vin arabes transportées par la route de la Soie et enfin, pièces typiquement vietnamiennes, des phénix et des dragons à cinq griffes en argile rouge. Cinq ans après la mise à jour des premiers vestiges de Thang Long, une capitale millénaire depuis longtemps oubliée, le site sur lequel devait être construite la nouvelle Assemblée nationale continue à livrer des trésors. Pour que l’ancienne citadelle puisse être restaurée avant la célébration du millénaire de Hanoï, en octobre 2010, les fouilles sont rondement menées par trois cents ouvriers spécialisés, qui grattent et creusent délicatement la terre avec de minuscules instruments en bambou.
En parlant de l’avancement des travaux, le chef des fouilles, Bui Minh Tri, a du mal à contenir son enthousiasme. Réputé le plus grand spécialiste du pays en céramiques asiatiques, il évoque fièrement les nouvelles informations recueillies sur la culture vietnamienne de l’époque, après des siècles de domination chinoise. “Beaucoup d’entre nous connaissent déjà les céramiques chinoises et japonaises, mais le site de Thang Long nous apprend de nombreuses choses sur les céramiques vietnamiennes, se félicite-t-il. Et plus nous avançons dans les fouilles de la citadelle impériale, plus nous en découvrons. […] C’est très important pour comprendre l’identité vietnamienne.”
L’apport viet remonte à la dynastie des Ly. En 1010, peu après la défaite des Tang et la fin de la domination chinoise, le roi Ly Thai To transfère la capitale sur ce site et la baptise Thang Long ou “dragon prenant son envol”. Le Dai Cô Viêt [Grand Vietnam] règne alors sur la moitié nord du Vietnam d’aujourd’hui, avant de progresser vers le sud et de vaincre le royaume de Champa, dont des ruines subsistent dans le centre du pays.
Les dynasties suivantes installent la cour à Hué, au cœur du pays, et Thang Long tombe en déclin. Délaissé pendant des siècles, le site conserve toutefois une grande importance. Ce dernier abritant actuellement des bâtiments de l’armée et du Parti communiste, et s’étendant jusqu’au vieux quartier très peuplé de la ville, il est probable que seuls les secteurs clés seront entièrement fouillés. En dehors des céramiques, les archéologues ont fait des découvertes majeures. En se référant à des plans du xive siècle, ils ont mis au jour d’anciennes routes, un palais plus ou moins inspiré des cours impériales du Japon et de la Chine et un grand canal. Plus commun : sont apparus des marbres anciens, des baguettes, des coquillages et des os de poulet, restes de festins royaux. L’eau potable était jadis distribuée par un réseau complexe de puits et de canaux : les puits, des ouvrages en brique de construction vietnamienne et chinoise, demeurent pratiquement intacts. Une fois les installations nettoyées, l’eau a jailli naturellement du sol et elle continue de s’écouler. “La découverte de Thang Long est un cadeau de l’Histoire. […] Pour ceux d’entre nous qui y travaillont, c’est la chance de notre vie”, s’enthousiasme M. Bui.

 

Greg Torode

South China  Morning Post

Rédigé par Taichichouaneur

Publié dans #taichichuan-cotebasque

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