LE MOT CHINOIS

Publié le 30 Octobre 2008

Shuzi : Nombre

La science des nombres (shuzi) était fort développée dans la Chine classique. Mais, pour la classe des lettrés-mandarins, les nombres étaient plus évocateurs de symboles cosmogoniques que d’une description réelle du monde : les trois empereurs, les quatre mers, les cinq éléments, les six classiques… C’est précisément cette surcharge de sens symbolique ou politique que le célèbre historien sino-américain Ray Huang fustige. Le manque d’esprit quantitatif étant pour lui l’une des raisons principales du retard de l’évolution de la Chine moderne. Le développement de l’industrie et du commerce est en effet soumis à la gestion par les chiffres.
Aujourd’hui, les Chinois ont visiblement retrouvé l’esprit des chiffres. En témoigne l’abondante utilisation des statistiques. Mais les nombres réels font peur.
Il y a ceux qui font peur à l’extérieur de la Chine : plus de 1 milliard d’individus, plus de 10 % de croissance depuis trente ans, plus de 2,5 millions de soldats, et près de 20 % d’augmentation du budget de la défense depuis quinze ans… Et il y a ceux qui font peur à l’intérieur : le taux d’inflation en fait partie. Partout dans le monde, l’augmentation des prix en général, celle des produits alimentaires en particulier, a un impact négatif sur la vie quotidienne de la population et peut causer des dommages politiques. Mais le problème pour la Chine est que le marché est encore trop lié à la politique. Les fluctuations économiques se répercutent immédiatement au niveau politique et alimentent la lutte interne entre factions du Parti. L’histoire de la réforme en Chine n’a pas démenti cette thèse. L’élite de la Chine est-elle toujours trop politisée pour traiter sereinement des nombres ?

Chen Yan

*Calligraphie de Zhao Xuan

Rédigé par Taichichouaneur

Publié dans #taichichuan-cotebasque

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