L'OPINION DU JOUR • Ban Ki-moon, brasseur de vent

Publié le 16 Janvier 2009

"Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, avale les kilomètres. Lors d'un dîner de presse organisé à Genève, il a évalué, à vue de nez, qu'il avait parcouru en 2008 un demi-million de kilomètres en avion - plus que la distance qui sépare la Terre de la Lune. Ban Ki-moon-ci, Ban Ki-moon-là : il est comme le Figaro du Barbier de Séville", constate Pierre Simonitsch, éditorialiste de la Frankfurter Rundschau. "Il n'a pour ainsi dire manqué aucune des innombrables conférences internationales qui ont eu lieu. Quotidiennement, il livre des points de vue stéréotypés sur presque tout ce qui se produit à la surface du globe. Aucune catastrophe naturelle, aucun conflit, aucune attaque terroriste qui n'aient laissé le Sud-Coréen sans voix. Sans relâche, il regrette, condamne ou félicite."

Ce 31 décembre, Ban Ki-moon achève sa deuxième année à la tête de l'ONU. "Son hyperactivité a-t-elle payé ?" se demande le quotidien allemand, qui répond par la négative. "La visibilité des Nations unies est en pleine régression. L'Union européenne (UE), le G20 et le G8 lui volent la vedette. Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité ont pris la mauvaise habitude de régler entre eux les questions importantes et se contentent de faire valider leurs décisions par l'Organisation." Pierre Simonitsch dresse l'inventaire des échecs de Ban Ki-moon. "Les conflits dont il a hérité demeurent. De nouvelles violences ont touché du Sri Lanka et l'est de la république démocratique du Congo (RDC). Au Darfour, aucune fin des combats n'est en vue. La 'feuille de route' rédigée par les membres du Quartet (ONU, UE, Etats-Unis, Russie) pour guider les Israéliens et les Palestiniens vers la paix ne mène à rien. En août, le monde a été le témoin d'une guerre entre la Russie et la Géorgie qui aurait pu être évitée. Et le cessez-le-feu n'a pas été négocié par l'intermédiaire de l'ONU, mais de l'UE."

Même sur la question kosovare, Ban Ki-moon n'a pu imposer ses vues. "Très tôt, il s'était prononcé en faveur d'une 'souveraineté sous surveillance'. Il avait affirmé que la séparation du Kosovo de la Serbie ne créerait aucun précédent. Mais à peine plus d'un quart des membres de l'ONU a reconnu la nouvelle nation. La Russie, qui accuse le secrétaire général de partialité, n'a pas tardé à lui rendre la monnaie de sa pièce, en reconnaissant la souveraineté des provinces géorgiennes séparatistes d'Abkhasie et d'Ossétie du Sud." La Frankfurter Rundschau rappelle que, selon la charte des Nations unies, le secrétaire général, "le plus haut fonctionnaire de l'ONU", est chargé d'"attirer l'attention du Conseil de sécurité sur toute affaire qui pourrait mettre en danger le maintien de la paix et de la sécurité internationales". "Le Suédois Dag Hammarskjöld, secrétaire général mort dans l'exercice de ses fonctions en 1961, voyait dans cette phrase la formulation d'un 'droit clair à prendre l'initiative dans les situations critiques'. Au cours de ses deux premières années de mandat, Ban Ki-moon n'a manifestement pas vu pareille occasion se présenter."

Rédigé par Taichichouaneur

Publié dans #taichichuan-cotebasque

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