Ma carrière ? Trouvez-moi plutôt un mari !

Publié le 18 Avril 2009

Avec la crise, les jeunes Chinoises diplômées qui ont privilégié leur carrière commencent à se demander s'il ne vaudrait pas mieux penser à leur vie affective, explique le South China Morning Post.

Gong, la plus grande marieuse chinoise, est récompensée de ses efforts : Jiayuan.com, son site de rencontres sur Internet, lui rapporte aujourd'hui plus de 1 million d'euros par an.
Cette femme de 33 ans a aidé 3 millions de personnes à trouver l'âme sœur depuis la création de ce service, en 2003. Elle peut d'ailleurs s'inclure elle-même dans ce chiffre, puisqu'elle a rencontré son mari par annonce, en février 2004, et qu'elle l'a épousé deux mois plus tard.
Gong occupe une position prédominante dans le secteur des rencontres sur Internet, un marché en plein essor. Quelque 20 000 personnes s'inscrivent chaque jour sur son site, qui compte aujourd'hui 17 millions de membres.

Si la crise mondiale a conduit de nombreux entrepreneurs chinois à la faillite, elle a au contraire entraîné un surcroît d'inscriptions sur des sites de rencontres comme Jiayuan.com, Baihe.com et Hongniang.com.

"Le ralentissement de l'activité économique a fait paniquer beaucoup de gens. Ils ont compris que les carrières et le monde de la finance pouvaient basculer et ils ont commencé à envisager de fonder une famille", explique Gong. Selon ses prévisions, le nombre d'inscriptions sur son site devrait dépasser 25 millions d'ici à la fin de l'année en raison de l'afflux croissant de citadines célibataires, qui, jusqu'ici, avaient fait passer leur carrière avant leur vie personnelle. Avec l'impact de la crise financière, ces femmes pensent plus que jamais au mariage (un sondage de Sina.com réalisé en mars montre que les deux tiers des personnes interrogées craignaient de perdre leur emploi).

C'est ainsi que, depuis septembre 2008, le site Jiayuan.com a enregistré une augmentation de 40 % du nombre d'inscriptions féminines. "Plus de 80 % des femmes inscrites sont diplômées d'une université et gagnent plus de 36 000 yuans [3 900 euros] par an", note Mu Yan, cofondateur du site Baihe.com, qui compte 13 millions de membres. "La plupart travaillent dans les médias, l'informatique ou la finance. Je pense qu'avec la crise économique un grand nombre d'employées ont davantage de temps à consacrer à leur vie sentimentale."

 

Qin Yu est chef de publicité dans une entreprise de Hangzhou. Cette célibataire de 35 ans a décidé, en octobre dernier, de s'inscrire sur un site de rencontres en ligne. Originaire de Chongqing, elle figure parmi les dizaines de millions de Chinois qui ont dû quitter leur village natal pour trouver du travail. "L'urbanisation a eu un impact important, observe Gong. Beaucoup de gens des campagnes sont allés s'installer dans des villes où ils ne connaissaient personne. Leurs parents n'ayant pas la possibilité de leur présenter des candidats au mariage, ils ont eu recours à Internet."

Le caractère réservé des Chinois dans le domaine des relations personnelles a également joué un rôle. "Comme très peu de gens ont la chance de trouver leur futur conjoint parmi leurs camarades de classe ou leurs amis, ils doivent chercher en dehors de leurs connaissances", poursuit Gong. "Et comme les Chinois ne sont généralement pas très sociables, il est difficile pour eux de rencontrer des inconnus. Internet règle ce problème. C'est le meilleur moyen pour des étrangers de faire connaissance."

Pour Zhou Wenya, une jeune femme de 27 ans, cadre dans la finance à Pékin, la communication en ligne est beaucoup moins embarrassante qu'un premier rendez-vous en face-à-face. "Internet est un lieu sûr pour apprendre à se connaître. On peut se renseigner sur les revenus d'un homme, ses diplômes, sa position sociale et ses hobbys. Dans la vie réelle, on n'ose pas poser des questions sur de tels sujets."

Si les villes chinoises présentent aujourd'hui un excédent de femmes célibataires, le pays n'en connaît pas moins un sévère déséquilibre entre les sexes : la préférence traditionnelle pour les garçons fait que, dans certaines régions rurales, il naît 119 garçons pour 100 filles. C'est dans cette abondante réserve d'hommes que Gong a déniché ses premiers clients. Aujourd'hui Gong est invitée à un nombre incalculable de mariages. "J'ai le sentiment de faire un travail très important, dit-elle. Ce n'est pas bon pour les gens de rester seuls."

 

Repères
Selon la société d'étude iResearch, le marché des rencontres via Internet en Chine représentait 37,1 millions d'euros l'an dernier et il devrait doubler d'ici 2010.
Gong préparait une maîtrise à l'université Fudan, à Shanghai, quand, à l'âge de 26 ans, elle a créé le site Jiayuan.com, baptisé à l'époque Love21. Ses parents souhaitaient qu'elle se marie. N'ayant pas trouvé de partenaire qui lui convienne sur les deux sites de rencontres qu'elle avait consultés, elle a décidé de créer le sien. Ses premiers clients étaient des amis ou des camarades d'étude. En 2007, son entreprise est devenue suffisamment grande pour convaincre une société de capital-risque d'y investir 11 millions d'euros.

 

David Eimer

South China Morning Post

Rédigé par Taichichouaneur

Publié dans #taichichuan-cotebasque

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