LE PCC CÉLÈBRE SA LONGÉVITÉ, MAIS RESTE SOURD À TOUTES REVENDICATIONS

Publié le 17 Juillet 2011

Le PCC célèbre sa longévité, mais reste sourd à toutes revendications

PUBLIÉ LE VENDREDI 1ER JUILLET 2011. reporteurs sans frontières 

Le 1er juillet 2011 marque les 90 ans de la fondation du Parti communiste chinois. Alors que cette journée anniversaire a débuté par la levée du drapeau national sur la place Tian’anmen, en présence de plus de 30 000 personnes et des officiels du parti unique, Reporters sans frontières dénonce la politique des autorités chinoises, dont le seul bilan des 90 derniers jours suffit à contrebalancer les réussites, proclamées par le Parti communiste depuis 90 ans.

“Les efforts déployés par le parti pour propager une image festive de cohésion nationale visent à cacher la détérioration inquiétante de la situation de la liberté d’expression et d’information en Chine, particulièrement depuis cinq mois. Les arrestations en série de dissidents et avocats, tout comme la censure dont a été frappée la Mongolie intérieure, ne doivent pas être éclipsées par des cérémonies et des discours politiques apologétiques. La communauté internationale ne doit pas non plus être hypnotisée par le faste de ces démonstrations. Elle doit refuser ce que certains appellent le “modèle chinois de développement”, qui n’est que l’euphémisme d’une politique mettant l’accent sur le développement économique et qui se moque des libertés fondamentales”, a déclaré Reporters sans frontières.

Emprisonnement

Selon les informations de l’organisation, au moins trente journalistes et soixante quinze net-citoyens sont toujours emprisonnés. Depuis plusieurs mois, les autorités procèdent à de prétendues libérations, qui masquent en réalité des assignations à résidence, des persécutions ou, plus inquiétant encore, des disparitions forcées. C’est le cas de Hu Jia et de son épouse Zeng Jinyan, assignés à résidence depuis sa sortie de prison le 26 juin 2011. Empêchés de parler à la presse, les deux militants des droits de l’homme parviennent à témoigner de la haute surveillance dont ils font l’objet, grâce à la plateforme de microblog Twitter. Ai Weiwei, relâché le 22 juin, est lui aussi privé de son droit à s’exprimer. Il s’est également vu interdire tout déplacement hors de Pékin. Le gouvernement semble avoir négocié sa libération contre son silence, afin d’inciter les autres dissidents à l’autocensure. L’organisation s’inquiète également du sort de Huang Qi, libéré le 10 juin, et “escorté” à son domicile au Sichuan (Ouest).

Censure et répression en Mongolie intérieure et au Tibet

Lors du mouvement de protestation entamé le 10 mai dernier, suite à la mort d’un berger percuté par un camion, en Mongolie intérieure, pourtant généralement peu propice aux troubles, les autorités chinoises ont choisi de répondre aux revendications sociales des manifestants, en bloquant de nombreux sites Web et en bridant la connexion Internet dans la région. Dans la ville de Tongliao, des blogueurs et internautes ont été convoqués au bureau de la sécurité publique. Deux journalistes de l’agence de presse Reuters ont été également pris à partie.

Au Tibet, les autorités n’ont pas attendu de nouvelles protestations pour renforcer la censure, notamment sur Internet. En mars, les autorités ont ordonné la fermeture d’un certain nombre de sites tibétains. Le site en langue chinoise traitant de l’économie, TibetCul, a été fermé le 16 mars dernier. Le co-fondateur du site, Wangchuk Tseten, a déclaré sur son microblog personnel que le site avait été déconnecté après que des "autorités supérieures" ont ordonné aux opérateurs du serveur sa fermeture, pour des raisons restées confidentielles. Selon le site Internet du Tibet Post International, un site affilié à TibetCulMyBudala, et son réseau social ont également été fermés peu avant le 10 mars. Au moins deux autres sites en langue tibétaine, DobumNet et Sangdhor, auraient été également rendus inaccessibles.

La répression des autorités chinoises sur les moines tibétains dans la région de Ngaba, au Tibet oriental, a donné lieu à l’arrestation de journalistes et écrivains tibétains. Sherab Gyatso, moine et écrivain, dont on est sans nouvelles précises depuis l’immolation d’un moine du monastère de Kirti le 16 mars, aurait été emprisonné à Chengdu. Il aurait été relâché par la suite, mais empêché de quitter la ville. Sherab Gyatso avait déjà purgé plusieurs peines de prison, entre 1998 et 2002 puis entre 2008 et 2009, après avoir été condamné à deux reprises, pour avoir protesté contre les programmes de rééducation chinois et pour avoir mené une protestation de moines à Lhassa.

Theurang, de son vrai nom Tashi Rabten, originaire de Ngaba et rédacteur en chef du magazine littéraire Shar Dungri, censuré par les autorités, a été condamné, le 2 juin 2011, à une peine de quatre ans de prison pour “incitation à des activités visant à diviser la nation”. Etudiant à l’université de Lanzhou, Theurang avait déjà été incarcéré en avril 2010, suite à la publication de l’oeuvre Écrit dans le sang. Le livre, qui traitait de la répression brutale de la police chinoise à l’encontre de manifestants pacifiques en 2008, au Tibet, est interdit à la vente. Les copies déjà distribuées ont toutes été confisquées.

“Révolution du jasmin” et changement

Le 22 mai 2011, Wan Yanhai, fondateur de l’Institut Aizhixing (Sida) pour l’Education sur la Santé, et éminent militant chinois œuvrant contre la discrimination à l’encontre des victimes du sida et pour la liberté d’information sur Internet, a accordé un entretien à Reporters sans frontières. Le militant, dont le site internet a été fermé suite à la publication d’un rapport dénonçant le trafic du sang dans la région du Henan, à l’origine de la contamination de nombreuses victimes, apporte un autre éclairage sur les revendications des citoyens chinois lors des “événements du jasmin”, accusés par les autorités de vouloir renverser le parti. Il s’exprime également sur le prix Nobel Liu Xiaobo. Voici quelques extraits d’un entretien vidéo à paraître prochainement :

A propos des “rassemblements du jasmin” : “Les autorités ont réagi de manière très violente, car elles ont eu peur d’être renversées, mais elles surestiment le pouvoir du peuple”.

“Le slogan des initiateurs de la “révolution du jasmin” n’est pas de “renverser le parti communiste” Ils demandent plus de justice dans la société, que tous ses membres aient davantage d’opportunités, que tous les enfants puissent aller à l’école et que tous les adultes puissent travailler. Ce sont des revendications fondamentales pour la justice sociale.”

“Sous tension pendant un moment, les autorités ont arrêté des gens, ont pris des mesures sévères, puis, ont relâché certains détenus. Mais il reste toujours des personnes incarcérées, surtout celles très influentes sur Internet, par exemple Ai Weiwei [NDLR : libéré depuis], Ran Yunfei.

“En même temps, ce genre d’arrestations embarrasse le gouvernement, parce que l’arrestation de leaders de mouvements populaires engendre des oppositions plus virulentes, alors que le PCC n’en tire aucun bénéfice. A l’heure actuelle en Chine, quand les autorités prennent des mesures extrêmes pour opprimer le peuple et les mouvements sociaux, on ne peut rien faire.”

“Il est très difficile d’espérer un véritable changement initié par les dirigeants. Bien sûr, il pourrait y avoir des changements, car il existe des divergences au sein même du Parti communiste, mais… on ne peut pas uniquement baser tous ses espoirs sur cela.”

A propos de Liu Xiaobo : “C’est vraiment une bonne personne. En 2008, dans un contexte social où prédominaient la violence et les opinions extrêmes, la publication de la Charte 08 a été une initiative pacifique, ayant pour but promouvoir la démocratie et la protection des droits de l’homme. Je trouve que cette charte a une signification remarquable. Aujourd’hui, il y a beaucoup de discussions sur lui et ses œuvres. Je voudrais demander à tous les défenseurs de Liu Xiaobo de s’organiser pour développer des actions concrètes et pour mettre en oeuvre, sur le plan social, la Charte 08. Ils pourraient la transformer en organisme destiné à servir le peuple et à représenter les intérêts de la population. Si nous voulons soutenir Liu Xiaobo, nous devons alors effectuer un travail concret en faveur de la société, de la démocratie, des droits des citoyens, et de [NDLR : l’amélioration de] la vie du peuple.”

Rédigé par Ecole de Tai Ji Quan Côte basque

Publié dans #taichichuan-cotebasque

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