Les parents des victimes des tueries dans les écoles maternelles forcés au silence

Publié le 4 Juillet 2010

La foule rassemblée aux abords de l’école maternelle où un homme a attaqué et blessé 29 jeunes enfants et trois adultes, le 29 avril 2010 à Taixing, dans la province du Jiangsu, Chine orientale. (AFP/Getty Images)
La foule rassemblée aux abords de l’école maternelle où un homme a attaqué et blessé 29 jeunes enfants et trois adultes, le 29 avril 2010 à Taixing, dans la province du Jiangsu, Chine orientale. (AFP/Getty Images)

 

Les parents des victimes de l’attaque de l’école maternelle en Chine doivent non seulement gérer les blessures et le traumatisme subis par leurs enfants, mais aussi endurer la surveillance des responsables du Parti communiste chinois, la peur d’être harcelés par ces derniers et l’inquiétude que les fonds de soutien collectés au nom de leurs enfants n’aient été détournés. À ce jour, les médias officiels ont soit gardé le silence sur la situation rencontrée par les familles soit diffusé des reportages biaisés.

Le matin du 29 avril, Xu Yuyuan, âgé de 47 ans, armé d’un couteau, a fait irruption dans une école maternelle de la commune de Taixing à Taizhou, province du Jiangsu. Il a poignardé tous ceux qui se trouvaient sur son chemin, blessant 32 personnes, dont 29 jeunes enfants.

Un mois et demi après la tragédie, la télévision officielle et les journaux en Chine diffusent des reportages focalisant sur les rires et babillages des enfants survivants: une «réalité fleurie» à la chinoise que les faits constatés sur place démentent.

Dans un reportage télévisé, les enfants étaient avec leur professeur en train d'apprendre à chanter et à danser. Le professeur encourageait constamment les enfants à réciter des comptines avec le sourire devant la caméra et répétait aux téléspectateurs: «Tout va bien ici, tout va bien.»

Les informations diffusées par les sources officielles du régime font rarement mention de l’état des enfants ou des inquiétudes des familles de victimes. Les titres des journaux et de la télévision se sont plutôt concentrés sur la façon dont les responsables sont allés présenter leurs condoléances et ce qu’ils ont dit ou conseillé.

Dans les médias officiels, aucune information n’est donc accessible sur les victimes, leur identité, ou la gravité de leurs blessures.

Liu Yanxun, journaliste pour l’hebdomadaire China News, explique qu’un court reportage a été publié dans les médias chinois après la tragédie, mais qu’après cela, les autorités ont contrôlé la quasi totalité des chaînes et les informations diffusées. Même les commentaires sur le sujet dans les forums Internet ont été effacés. Un grand vide informationnel a suivi cette tragédie qui secoue encore la Chine.

Liu Yanxun s’est rendu en personne dans la commune de Taixing où la tragédie s’est déroulée pour y mener son enquête. Il a rencontré un témoin de l’incident, qui lui a confié que le matin, elle s’était rendue en ville pour payer une quittance d’assurance pour son mari. Alors qu’elle se trouvait au guichet, une employée a reçu un appel téléphonique, l’informant que son enfant avait un problème à l’école maternelle et lui demandant de venir immédiatement.

Elle s’est précipitée à l’école avec la dame. De l’extérieur de la grille de fer de l’école, on pouvait, dit-elle, voir quatre enfants couverts de sang, étendus inertes sur le sol. Elle ne savait pas s'ils étaient encore en vie. La scène était étrangement silencieuse. Aucun des enfants parmi ceux qui avaient été attaqués ne pleurait parce qu’ils étaient tous sous le choc.

«Personne ne veut ignorer la vérité, mais le gouvernement doit nous dire quelle est cette vérité», ont répété les personnes que Liu a interviewées.

Les parents interdits d’entrer en contact avec les médias

Les autorités chinoises n’ont toujours pas publié le nom des victimes ni la gravité de leurs blessures. Selon un article du quotidien Hong Kong’s Oriental News, plusieurs corporations et groupes ont opéré des dons dans le but d’aider les enfants blessés, mais les autorités n’ont pas annoncé le montant des dons ni où était passé l’argent. Les familles des victimes suspectent donc un détournement.

Un autre M. Liu est le parent d’un enfant blessé. Il a affirmé que, mis à part un parent, qui, par peur que le commerce familial ne soit fermé, a pris son enfant et signé une décharge à l’hôpital – recevant pour cela une compensation de 90.000 yuans (environ 9.000 euros) – les 28 autres enfants sont toujours hospitalisés à l’hôpital du Peuple de Taizhou. Un jeune enfant nommé Zhou qui a reçu plus de dix coups de couteau est toujours gardé dans une unité de soins intensifs.

Un autre parent a affirmé que tous les parents de victimes ont commencé à être surveillés par les autorités immédiatement après la tragédie et ont été interdits de contacter le monde extérieur.

Un parent s’est plaint que la tuerie de l’école maternelle a blessé leurs enfants physiquement et mentalement. Aujourd’hui, la vue de la moindre goutte de sang à la télévision fait crier certains  enfants: «Meurtre!  Meurtre!» Le coût des traitements de réadaptation pourrait être important pour les familles.  

«Nous pressons le gouvernement de publier dans les médias locaux le registre de tous les dons», a déclaré un parent. «De plus, le gouvernement devrait couvrir les coûts des soins pour les jeunes enfants traumatisés, sans quoi nous n’abandonnerons jamais!» Si le gouvernement choisissait d’ignorer le destin de ces enfants, un parent a affirmé qu’ils pourraient appeler à la justice par des marches ou des manifestations de protestation.

Le Tribunal intermédiaire du peuple de Taizhou a récemment condamné à mort Xu pour «homicide volontaire».

 

Li Jing NTDTV 17/06/2010
Écrit par Li Jing, NTDTV   
17-06-2010

Rédigé par Ecole de Tai Ji Quan Côte basque

Publié dans #taichichuan-cotebasque

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