En Chine, les chiffres du chômage font débat
Publié le 4 Mai 2009
"Nous devons au plus vite mettre au point un mode de calcul du chômage qui soit harmonisé avec le système
international", écrit Shi Chenyu, chercheur de la Banque industrielle et commerciale de Chine (BICC), dans le quotidien pékinois Xinjing Bao. Il réagit ainsi à la publication de plusieurs taux de chômage qui présentent un écart de un
à deux points selon les sources et les méthodes de calculs employées. "En ces temps de crise économique, la question du chômage se pose dans le monde entier, en Europe et aux Etats-Unis comme en
Chine, mais elle est plus complexe à étudier et prend une forme plus aiguë en Chine", estime M. Shi. "Si l'on s'en tient aux chiffres communiqués par le ministère du Travail et le Bureau
national des statistiques, le pourcentage de citadins inscrits comme demandeurs d'emploi s'est maintenu entre 2003 et 2008 autour de 4 %, soit un niveau assez faible, et était de 4,2 %
en mars 2009, ce qui n'a pas provoqué d'inquiétude. Mais notre système de calcul n'est ni complet ni scientifique. Il ne prend en compte qu'une part réduite de la population au chômage, sans
refléter le degré et l'ampleur réels du phénomène", poursuit-il.
"Le problème est multiple, détaille l'expert de la BICC. Tout d'abord, le cadre étudié est restreint. La population de chômeurs en Chine devrait en fait comprendre les citadins enregistrés comme
étant au chômage, les employés ayant perdu leur poste [et non enregistrés] et les paysans qui font partie de la force de travail excédentaire à la campagne. Or, dans l'état actuel des choses, le
taux de chômage en Chine ne tient compte que des citadins inscrits au chômage." De plus, la fiabilité des statistiques est faible. Les localités fournissent des chiffres souvent erronés, parfois
sciemment, ajoute-t-il. "Enfin, les modes de calcul ne sont pas unifiés. Les uns se basent sur les déclarations des demandeurs d'emploi, les autres sur le recensement, ou encore sur des enquêtes
par échantillon de la population, ce qui donne des résultats très différents", explique-t-il.
En décembre 2008, l'Académie des sciences sociales de Chine, se basant sur une enquête par échantillon de la population, avait donné le chiffre de 9,4 % comme taux de chômage en ville,
selon le magazine économique Zhongguo Jingji
Zhoukan. "En 2009, on prévoit qu'environ 30 millions de paysans migrants seront au chômage [23 millions avaient déjà été dénombrés fin mars],
que plus de 9 millions de nouveaux ou jeunes diplômés seront à la recherche d'un emploi. Il faudra y ajouter les autres demandeurs d'emploi, soit un total d'environ 50 millions", note
M. Shi. Quant à la force de travail excédentaire à la campagne, elle était estimée avant la crise à environ 100 millions de personnes, selon l'hebdomadaire économique Caijing. La population en âge de travailler
en Chine étant en 2007 d'environ 750 millions de personnes.