Plan de licenciements : des salariés tuent leur patron

Publié le 31 Juillet 2009

Des employés de l'entreprise de sidérurgie Tonghua Iron and Steel, enragés à l'idée de perdre leur emploi, ont battu à mort l'un des dirigeants et fait annuler le rachat de leur usine

Le rachat de l'usine sidérurgique publique Tonghua Iron and Steel, premier producteur de la province de Jilin (nord-est de la Chine), a été annulé après que son directeur général a été battu à mort par des employés à qui il venait d'annoncer une vague de licenciements dans le cadre de sa prochaine fusion, a indiqué hier un responsable gouvernemental.

Si les conflits sociaux sont de plus en plus fréquents en Chine et prennent parfois une tournure violente, il semble que c'est la première fois que des milliers de salariés en colère en viennent à tuer un patron.

« J'ai entendu des cas de patrons séquestrés récemment, mais pas de patrons battus à mort de cette façon [...]. À ma connaissance, c'est la première fois, en tout cas la première fois que c'est annoncé », a déclaré Jean-Philippe Béja, du Centre d'études français sur la Chine contemporaine (CEFC) à Hong Kong.

Affrontements avec la police

Le directeur général, Chen Guojun, avait menacé vendredi de licencier jusqu'à 30 000 salariés, a rapporté hier le journal « China Daily ». Quelque 3 000 ouvriers ont bloqué la production et s'en sont pris à M. Chen après l'annonce d'un rachat de leur unité par le groupe privé Jianlong. « Chen a déçu et provoqué les ouvriers en annonçant que la plupart d'entre eux seraient mis au chômage dans les trois jours », a indiqué le « China Daily ». « La foule a été saisie de fureur lorsque Chen a fait savoir que le nombre total de travailleurs serait réduit à 5 000. »

Après avoir violemment battu le directeur général, les employés de Tonghua ont affronté la police et empêché l'ambulance d'accéder à M. Chen. Grièvement blessé, celui-ci a succombé après avoir finalement pu être transporté à l'hôpital dans la soirée.

« Le gouvernement provincial de Jilin a décidé d'arrêter la fusion », a indiqué hier un responsable du gouvernement. « La police a lancé une enquête sur le meurtre. » L'agence officielle Chine Nouvelle a expliqué que le rachat avait été annulé « pour empêcher la situation de s'aggraver ».

Une centaine de blessés

Dans un communiqué publié lors du week-end, le Centre d'information pour les droits de l'homme basé à Hong Kong a affirmé que plusieurs milliers d'ouvriers avaient pris part au mouvement de protestation et que les violences avaient fait une centaine de blessés.

« Je n'ai jamais rien vu de comparable », a déclaré Geoff Crothall, chercheur au China Labour Bulletin basé à Hong Kong. « Dans la plupart des cas de privatisations, les employés redoutent d'être licenciés avec des indemnités dérisoires qui ne leur permettront de vivre que quelques années », dit-il.

Le 15 juin, dans la ville méridionale de Dongguan, un ouvrier d'une compagnie métallurgique avait poignardé à mort deux patrons taïwanais et grièvement blessé un troisième cadre, en raison d'un conflit du travail, devant 200 collègues qui n'étaient pas intervenus.

« Incidents de masse »

La Chine recense chaque année des dizaines de milliers « d'incidents de masse », la dénomination officielle pour les conflits sociaux, émeutes, manifestations souvent déclenchés par des affaires présumées de corruption, ou d'abus de la part de responsables locaux.

Tags : Economie Travail International

SUD OUEST | Mardi 28 Juillet 2009

 

Rédigé par Taichichouaneur

Publié dans #taichichuan-cotebasque

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