La Chine coincée entre Xinjiang et Tibet

Publié le 12 Août 2009

On s'en souvient peut-être : en mars 2008, trois journées d'émeutes mirent Lhassa à feu et à sang. Puis en juillet, trois semaines avant les Jeux olympiques de Pékin, une série d'attentats avaient frappé le Xinjiang, causant là encore quelques dizaines de morts.

Or voici qu'un an plus tard, la violence est de retour. Au Xinjiang, à Urumqi, un soulèvement d'une violence inouïe a eu lieu le 5 juillet : 190 morts selon le régime, 10 000 selon Rebiya Kaader, l'exilée chef de file du peuple ouïgour. Entre ces deux mouvements, le parallélisme frappe, quoiqu'il n'y ait rien de commun entre Tibétains lamaïstes vivant en haute altitude et Ouïgours musulmans sunnites habitant le désert.

Ainsi les JO n'ont pas apporté la réconciliation espérée, dans la fierté nationaliste des valises de médailles engrangées. Au contraire, les attentats augmentent en violence. Le régime semble par ailleurs n'avoir rien appris : sur ces soulèvements, Pékin impavide maintient son accusation peu plausible contre la « main de l'étranger », dalaï-lama à Lhassa, Mme Kaader à Urumqi.

Lueur d'espoir

Exprimée en privé par les habitants de ces régions, la cause réelle des soulèvements est la répression de l'identité culturelle locale. La Chine est prête à accepter l'enseignement de la langue tibétaine ou ouïgoure, mais pas beaucoup plus. Avec ces clergés sous haute surveillance, la culture locale s'étiole. La langue recule aussi, puisque les emplois décents ne sont accessibles qu'en mandarin. Refusant toujours d'admettre une quelconque responsabilité dans ces déraillements au Tibet et au Xinjiang, le régime socialiste ne semble pas en état de rétablir la sérénité avant longtemps.

La situation est donc sombre - mais avec malgré tout une lueur d'espoir. Dans le secret de ses arcanes, le parti, bien plus lucide, admet l'échec de sa politique d'assimilation de ses régions de l'Ouest, et cherche des solutions. L'une consisterait en un concordat avec le dalaï-lama. Une autre, en l'octroi de plus de libertés locales. Mais si la solution est si difficile à trouver, c'est qu'un droit accordé à un terroir en Chine doit être étendu à l'ensemble du pays : c'est la marche à la démocratie, à laquelle le régime, et surtout, dit-on, Hu Jintao, l'actuel président, est si hostile


SUD OUEST | Dimanche 09 Aout 2009

Eric Meyer, à Pékin

Rédigé par Taichichouaneur

Publié dans #taichichuan-cotebasque

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