Un accord commercial historique

Publié le 8 Août 2010

La signature d'un accord de libre-échange entre Taipei et Pékin marque un nouveau pas dans le rapprochement entre les deux entités.

 

Poignée de main entre l'émissaire chinois Chen Yunlin et son homologue taiwanais Chiang Ping-kun, Chongqing, 28 juin 2010.

 

Poignée de main entre l'émissaire chinois Chen Yunlin et son homologue taiwanais Chiang Ping-kun, Chongqing, 28 juin 2010.

 

 

L'accord, signé le 29 juin à Chongqing (centre-ouest de la Chine), réjouit la presse continentale. A Taïwan, il fait d'emblée ressurgir les craintes des indépendantistes que l'île ne se trouve absorbée par la Chine. L'Accord-Cadre de coopération économique (ACCE), réduira les droits de douane de près de 800 produits et services. La signature, diffusée en direct sur la télévision publique chinoise, a été accompagnée de la conclusion d'un accord de coopération sur la propriété intellectuelle, indique le journal de Singapour Lianhe Zaobao. L'ACCE devrait permettre la vente de produits taïwanais en Chine pour un montant total de 14 milliards de dollars et de produits chinois à Taïwan pour un total de 3 milliards de dollars. Il ouvrira aussi la porte aux investissements dans les secteurs des services, de la finance et des assurances, précise le quotidien taïwanais Chungkuo Shihpao. Les domaines bancaire, culturel et médical sont également inclus dans l'ACCE.

La presse chinoise a salué la conclusion de l'accord, qui, selon le journal économique Diyi Caijing Ribao, "se préparait depuis plusieurs années". Le quotidien rappelle que dès 2005, lors d'une rencontre historique avec le chef du Kuomintang, le parti nationaliste taïwanais, le président Hu Jintao avait évoqué le développement d'une coopération économique entre les deux pays. Le représentant de la délégation chinoise, Chen Yunlin, a souligné que cet accord représentait un grand pas en avant vers le "développement de relations pacifiques entre les deux rives" et qu'il allait servir les intérêts des "compatriotes de l'autre rive du détroit de Taïwan", raconte le quotidien anglophone Taipei Times.

Selon Yin Ziyi, un chercheur de l'université de Qinghua interviewé par le quotidien Jingji Cankao Bao, "jusqu'à maintenant, les coopérations économiques relevaient d'initiatives lancées par des entreprises à titre individuel, alors que là il s'agit d'un accord officiel qui va normaliser les relations économiques entre les deux rives". A Taïwan, les avis sont partagés. Face à une opposition qui dénonce le risque que l'île perde son indépendance économique, les délégués officiels, qui ont mené les négociations depuis deux ans, se défendent. Ainsi, dans un entretien accordé au quotidien Lianhe Bao, la présidente du Conseil des affaires continentales, Lai Shin-Yuan, a affirmé que les deux parties bénéficieront en égale mesure de l'accord et que Taïwan n'a pas dû céder face à la Chine dans les négociations. Alors que l'opposition craint que l'accord ne mine le secteur manufacturier de l'île, Lai Shin-Yuan affirme qu'il sera avantageux à la fois pour les petites et les grandes entreprises, qui pourront exporter leurs produits à moindre prix vers le continent. Les propos de Lai sont confortés par Chen Tain-Jy, professeur de l'université de Taipei, pour qui cet accord va permettre à Taïwan concurrencer la Corée du Sud, indique le Lianhe Bao.

De son côté, l'Union pour la solidarité taïwanaise, un parti politique qui défend l'indépendance de Taïwan, a annoncé qu'elle préparait une proposition de référendum pour que la population puisse faire entendre sa voix quant à la signature de l'accord, raconte le Taipei Times. En effet, le texte doit encore être validé au Parlement. Une manifestation de plusieurs milliers de personnes a eu lieu le 26 juin dans la capitale taïwanaise contre le rapprochement économique avec la Chine.

 

30.06.2010 | Courrier international

Rédigé par Ecole de Tai Ji Quan Côte basque

Publié dans #taichichuan-cotebasque

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